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Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

Articles de marlenearts

Historique de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Aloïs Alzheimer (1864-1915) est un médecin psychiatre et un neuropathologiste allemand du début du XXe siècle qui étudia le cerveau des personnes atteintes de démence, grâce à une nouvelle technique de coloration à l'aniline et des imprégnations argentiques. En 1906, Aloïs Alzheimer décrit pour la première fois les altérations anatomiques observées sur le cerveau d'une patiente de 51 ans, Auguste D.

Atteinte de démence, elle présentait également des hallucinations et des troubles de l'orientation. En 1911, Alzheimer découvrait un cas identique à celui d'Auguste D.80px-AloisAlzheimer.jpeg

C'est le psychiatre Emil Kraepelin qui proposa que la maladie porte le nom d'Alzheimer, du nom de son découvreur.
 

Au 20eme siècle, on commence à se rendre compte que le cerveau a une importance dans les pathologies psychiatriques.

Dans les années 70, les chercheurs isolent les neurotransmetteurs. Dans la Maladie d’Alzheimer, on fait alors l’hypothèse d’un déficit en Acétylcholine.
Autour des années 80, l’intérêt général pour la Maladie d’Alzheimer grandit. En effet, elle est de plus en plus fréquente, les sujets à risque étant de plus en plus nombreux du fait de l’augmentation de l’espérance de vie. Avec l’avancée de la recherche, on connaît les protéines qui composent les plaquent séniles, principales altérations du système nerveux centrales en lien avec la Maladie d’Alzheimer.

En 1987, on observe une mutation génétique intervenant dans la forme génétique de la Maladie d’Alzheimer.

Anxiété et troubles anxieux: de quoi parlons nous?

Par Le 15/06/2017

Lorsque j'ai décidé de m'intéresser plus particulièrement à la question des troubles anxieux, j'ai recherché dans la littérature à quoi renvoyait précisément le terme "d'anxiété". Il m'est apparu rapidement que, si des termes voisins de l'anxiété comme l'angoisse, la peur, l'inquiétude, le stress, le souci... ont chacun leur particularité, il était parfois bien difficile d'en trouver les limites et par la même de les définir. Pour exemple, le dictionnaire qualifie l'anxiété comme "un état d'angoisse".

Anxiété

Le mot "anxiété" vient du latin" anxius" qui signifie "esprit troublé à propose d'un évènement incertain et dérive d'une racine grecque portant les notions "d'enserrement" ou "d'étranglement".

C'est seulement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle que le concept d'anxiété apparait dans le domaine de la pathologie. Elle revoie à l'état qui accompagne l'appréhension d'évènements susceptibles de porter atteinte au bien être personnel. Autrement dit, elle correspond à l'état dont on se sent lorsque l'on envisage des conséquences négatives. Cette réponse d'anxiété dépendrait du type d'évènement, de la personnalité, de l'humeur de la signification ou interprétation de la situation...

Certains auteurs distinguent l'anxiété "trait" qui serait un trait de personnalité renvoyant à un tempérament anxieux, une structure stable de l'individu, de l'anxiété "état", état passager pouvant survenir temporairement chez tout individu sous l'effet d'une situation présentant un certain degré de gravité.

Angoisse

Anxiété et angoisse possèdent une étymologie commune "’’amhas’’" signifiant "étroitesse".
Pendant longtemps, la psychiatrie française a conservé une distinction entre les deux termes réservant l'anxiété au versant psychologique et l'angoisse au versant somatique. Ainsi pour Brissaud (1890) "l'angoisse est un trouble physique qui se traduit par une sensation de constriction, d'étouffement. L'anxiété est un trouble psychique qui se traduit par un sentiment d'insécurité indéfinissable".

Aujourd'hui, les deux concepts ont tendances à se confondre, les manuels de psychiatrie type DSM retenant plus le terme d'anxiété dans leurs descriptions cliniques comme l’illustrent les exemples suivants :

  • Trouble panique : attaques de panique récurrentes et inattendues
  • Phobies spécifiques : anxiété cliniquement significative, provoquée par l’exposition à un objet ou une situation spécifique redoutée, conduisant souvent à un comportement d’évitement.
  • Agoraphobie : anxiété liée à, ou évitement d’endroits ou de situations d’où il pourrait être difficile ou gênant de s’échapper ou dans lesquels aucun secours ne serait disponible en cas d’attaque de panique ou de symptômes à type de panique.
  • Phobie sociale : anxiété cliniquement significative provoquée par l’exposition à un certain type de situations sociales ou de situations de performance, conduisant souvent à un comportement d’évitement.
  • Trouble obsessionnel compulsif : présence d’obsessions (entrainant une anxiété ou une souffrance marquée) et/ou par des compulsions (qui servent à neutraliser l’anxiété).
  • Trouble anxieux généralisé : période d’au moins six mois marquée par la présence d’une anxiété et de soucis excessifs.
  • Stress Post-traumatique : reviviscence d’un évènement extrêmement traumatique accompagnée de symptômes d’activation neurovégétative et par l’évitement des stimuli associés au traumatisme.
  • Stress aigu : symptômes similaires à ceux de l’état de stress post-traumatique qui surviennent immédiatement dans les suites d’un évènement extrêmement traumatique.
  • Trouble anxieux dû à une affection médicale : symptômes anxieux au premier plan qui sont considérés comme la conséquence physiologique d’une affection médicale générale.
  • Trouble anxieux induit par une substance : symptômes anxieux au premier plan qui sont considérés comme la conséquence physiologique directe de l’exposition à une substance donnant lieu à un abus, un médicament ou une substance toxique.
  • Trouble anxieux non spécifié
  • Personnalité évitante caractérisée par une inhibition sociale, un sentiment de ne pas être à la hauteur et une hypersensibilité au jugement d’autrui.
  • Personnalité dépendante caractérisée par un comportement soumis et « collant » lié à un besoin excessif d’être pris en charge.
  • Personnalité obsessionnelle compulsive caractérisée par une préoccupation pour l’ordre, la perfection et le contrôle.
     

A coté de ces entités spécifiques dans lesquels le symptôme anxieux est au cœur des troubles, on notera la présence d'une anxiété, au titre de symptôme accessoire dans un très grand nombre de psychopathologies telles que:

La psychanalyse quant à elle s'axe plus autour du terme d'angoisse avec des notions telles que la névrose d'angoisse, la névrose hystérique, la névrose phobique, la névrose obsessionnelle , l'angoisse de castration, l'angoisse de séparation...

Dans sa première théorie datant de 1895, Freud distingue l'affect d'angoisse résultant d'une incapacité pour le psychisme à faire face à un danger extérieur de la névrose d'angoisse. Celle-ci désigne l'impossibilité pour le psychisme à faire face à une excitation interne sexuelle. Autrement dit, la libido se change en angoisse dès qu'une pulsion ne peut atteindre une satisfaction. L'affect d'angoisse serait alors un état passager de l'individu alors que la névrose d'angoisse désignerait un état chronique.

En 1916, Freud modifie sa théorie et distingue l'angoisse réelle de l'angoisse névrotique. L'angoisse réelle serait ressentie par un individu dès qu'il est en présence d'un danger extérieur. Elle serait assimilable à un reflexe d'autoconservation. Freud spécifie le concept de névrose d'angoisse comme la résultante du refoulement de la libido se transformant en angoisse: "L’angoisse névrotique est un produit de la libido, comme le vinaigre est un produit du vin" (Freud, 1920). Pour Anna Freud, une pulsion ne serait anxiogène que dans la mesure où elle risque de susciter un danger réel.

En 1926, l'angoisse n'est plus présentée par Freud comme conséquence du refoulement mais comme sa cause. Elle devient le signal d'alarme du Moi permettant la mise en place de mécanismes de défense (dans le cas de la névrose phobique du petit Hans, c'est l'angoisse de castration qui est à l'origine du refoulement). Freud distingue alors l'angoisse automatique (angoisse signal face à un danger réel) de l'angoisse névrotique (angoisse face à un danger inconnu, pulsionnel se rapportant à la perte ou à la séparation).

Peur

La peur est une émotion universelle accompagnant la prise de conscience d'un danger dans notre environnement. C'est une émotion à fort impact physiologique (accélération du rythme cardiaque et de la respiration, contraction des muscles, tremblements...). Elle nous prépare à l'action physique que les anglo-Saxons qualifient de "3F": fight (combat), flight (fuite) et freeze (immobilisation afin de limiter les dommages).
La panique, la frayeur voire la terreur sont des peurs marquées par leur extrême intensité; elles se caractérisent par la perte de toute forme de contrôle sur la peur.

A la différence de la peur, l'anxiété survient en dehors d'une menace objective ou de façon disproportionnée par rapport au degré de danger que représente une situation; c'est le cas des phobies spécifiques. Selon Henri EY (1950) "la peur est constituée par une réaction de défense (immobilisation ou fuite) à l'égard d'un objet présent tandis que l'anxiété préfigure dans sa structure un danger à venir, et par la même, plus vague, incertain, mystérieux et lancinant".

Stress

Le stress est la réponse de l'organisme aux agressions physiologiques et psychologiques, ainsi qu'aux émotions nécessitant une adaptation. Alors que l'anxiété précède l'arrivée d'un évènement négatif, redouté, le stress accompagne la mise en place des mécanismes d'adaptation face à cet évènement négatif.

Souci

Le souci désigne le fait d'appréhender ou d'anticiper un évènement futur qui risque d'avoir des conséquences déplaisantes ou négatives. il s'agit d'une forme de pensée accompagnée d'anxiété. Alors que le souci se situe à un niveau cognitif, l'anxiété se situerait quant à elle à un niveau émotionnel; elle serait la résultante du souci.

Un souci normal porte sur une situation concrète, actuelle ou qui arrivera sous peu alors qu'un souci excessif est incontrôlable, répétitif, source d'anxiété importante et peut porter sur une situation présente ou sur des évènements éventuels voire très peu probables; c'est le cas du trouble d'anxiété généralisée.

Obsession

L'obsession se situe elle aussi à un niveau cognitif. Il s'agit de pensées, d'images, d'impulsions arrivant à l'esprit de l'individu de façon répétée et involontaire et étant source d'une anxiété importante. Les obsessions sont souvent dénuées de sens, le patient reconnaissant leur caractère exagéré voire irraisonné.
 

Bibliographie

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La dépression

Par Le 15/06/2017

La dépression concerne, selon les études, 5 à 20% de la population générale. Elle peut survenir sur n'importe quel type de personnalité. Elle n'est pas nécessairement en lien avec des antécédents pathologiques
 

1. historiques
 

La personnalité dépressive correspond à une tradition de la médecine de l'Antiquité. Dans le "Corpus Hippocraticum" est décrit le Melancholicos, le typus à la bile noire. Molière mit en scène le dépressif dans sa pièce Le Misanthrope.

Plus près de notre époque, E. Kretschmer décrit un ensemble de sujets tristes, calmes, sensibles et facilement accablés. Mais c'est à Tellenbach, en 1979, psychiatre allemand, qui, dans sa description du "typus melancholicus" posa les caractéristiques fondamentales de l'état dépressif.
 

2. Critères du DSM IV TR
 

La dépression est classée sous le nom de "trouble dépressif majeur" parmi les troubles de l'humeur. L'épisode dépressif majeur se caractérise par:

A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même période d'une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur; au moins un des symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d'intérêt ou de plaisir.

(1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (se sent triste ou vide) ou observée par les autres (pleure). Eventuellement, irritabilité chez l'enfant et l'adolescent.

(2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(3) Perte au gain du poids significatif en l'absence de régime (modification du poids corporel en un mois excédant 5%), ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous les jours. Chez les enfants, prendre en copte l'absence de l'augmentation de poids attendue.

(4) Insomnie ou hypersomnie tous les jours.

(5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).

(6) Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours.

(7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d'être malade).

(8) Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentatives de suicide ou plan précis pour se suicider.
 

B. Les symptômes ne répondent pas aux critères de l'épisode mixte.
 

C. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.
 

D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d'une substance (ex une substance donnant lie à abus, un médicament) ou d'une affection médicale générale (ex hypothyroïdie).
 

E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil, c'est à dire après la mort d'un être cher, les symptômes persistent pendant plus de deux mois ou s'accompagnent d'une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation, des idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d'un ralentissement psychomoteur.
 

3. Psychopathologie
 

On distingue la dépression endogène de la dépression exogène. Dans la dépression endogène, on ne retrouve pas de facteurs déclenchants dans l'histoire du sujet à la différence de la dépression exogène. La dépression endogène est plus chronique que la dépression exogène et survient de manière progressive.

Les troubles dépressifs se caractérisent par deux symptômes fondamentaux.
 

3.1. L'humeur dépressive
 

467px-Vincent_Willem_van_Gogh_002.jpg L'humeur dépressive est caractérisée par la présence d'un vécu pessimiste, une dévalorisation, une autodépréciation, une indignité, une culpabilité, une douleur morale, une indifférence affective, un désintérêt pour toute activité, un désir de mort et une tristesse.

Le sujet ne ressent plus rien; il a des difficultés à ressentir du plaisir dans des activités auparavant agréables.

Il présente également une incapacité à aimer avec une perte de l'intérêt sexuel. Il est conscient de ses difficultés et a tendance à se plaindre, à s'apitoyer; il se sent incapable, de dévalorise entrainant une forte baisse de l'estime de soi.

Le désir de mort est très souvent présent pouvant entrainer des tentatives de suicide.
 

 

3.2. L'inhibition
 

L'inhibition désigne un ralentissement psychomoteur et psychique, des difficultés à penser, à se concentrer, une fatigue dépressive, une inertie, une baisse de l'énergie, une perte de l'élan vital. On observe une immobilité du tronc et de la face, une voix monotone, basse; le patient ne parle pas beaucoup. On relève également des troubles de la mémoire, la pensée étant inhibée.
 

3.3. Symptômes associés
 

3.3.1. L'anxiété
 

Sentiment pénible d'attente d'un danger imminent; le sujet est constamment inquiet. Quand la composante anxieuse est importante, on parlera de syndrome anxiodépressif.
 

3.3.2. Troubles psychosomatiques
 

Certains auteurs parlent de dépression masquée quand les sujets évoquent une souffrance physique en l'absence de souffrance morale (ex troubles digestifs entrainant une perte de poids, des troubles du sommeil).

D'autres troubles psychopathologiques (obsession, phobie...) peuvent reposer avant tout sur une organisation dépressive et disparaissent avec elle lorsqu'on la traite. On constate enfin que, pour lutter contre un fond dépressif, certains sujets sont amenés à développer une série de conduites antidépressives (hyperactivité, réaction de type colère, jalousie, conduite alcoolique) capables, avec plus ou moins de succès, de compenser le fond dépressif.
 

4. Contact interpersonnel
 

Les contacts interpersonnels sont marqués par la passivité. Le sujet dépressif se sent sans défense, vulnérable. Il a tendance à se plaindre, à évoquer sa misère, sa faiblesse, son infériorité et ses défauts. Il craint d'entreprendre quelque action ou projet de peur de rencontrer l'echec.
 

5. Gestion des affects
 

La tristesse est l'affect central de la personnalité dépressive. le sujet dépressif peut être volontier amère ou désagréable, multipliant les conflits et les revendications. L'humeur dépressive peut également aller vers del'indifférence.
 

6. Style cognitif
 

La pensée du sujet dépressif est négative et rigide. Il va attribuer aux autres, et en particulier aux thérapeutes, des pouvoirs considérables, de guerison magique.

Les croyances s'articulent autour du renoncement "Je ne serai plus comme avant", de malheur et de la médiocrité "Je ne vaux rien", "Le pire est toujours sur", "Les autres réussissent mieux que moi", "Le monde est mauvais". On note également une générlaisation négative de l'avenir "Rien ne changera jamais, c'est comme ça".
 

7. Traitement
 

Les antidépresseurs vont permettre de moduler l'humeur dépressive. Une psychothérapie reste toutefois nécessaire pour comprendre l'origine de la dépression et prévenir les rechutes dépressives.

Aujourd'hui, on est mieux informé, dans l'opinion sur les symptomes des états dépressifs et le diagnostic en serait de fait plus répandu qu'avant la Première Guerre mondiale. On tend à codifier un maximum la symptomathologie dépressive à l'aide d'échelles d'évaluation (Hamilton, Mongomery-Asberg), utilisables à la fois par les psychiatres, les médecins généralistes et le spsychologues.
 

8. Hypothèses de compréhension
 

8.1. Hypothèse cognitive
 

Beck mais l'accent sur les défauts des cognitions présents chez les personnes déprimées qui peuvent être comprises comme des distorsions dans le traitement de l'information. Le sujet va minimiser le positif et amplifier le négatif; il va donc avoir une vue négatif de tout ce qui l'entoure, de lui même et du futur.

Dans la thérapie cognitive et comportementale, le sujet va apprendre à s'observer et reconnaitre les cognitions négatives dysfonctionnelles. Il va également apprendre à maximaliser le positif.

Parmi les schémas proposés par Young, on retrouve souvent chez la personnalité dépressive le schéma de carence affective (mes besoins d'affection ne seront jamais comblés), le schéma d'imperfection, de honte (je ne vaux rien) et le schéma d'echec (ma vie est un echec).
 

8.2. Hypothèse culturelle
 

Jusqu'en 1960, on pensait que la dépression n'existait que dans les pays industrialisés s'exprimait assez peu dans les sociétés dites plus traditionnelles. Aujourd'hui, on sait que la dépression est présente dans toutes les sociétés mais qu'elle s'exprime différemment. Par exemple, en Afrique, la personne déprimée montrera plus d'agitation; on observera également moins de tentative de suicide.

Dans toutes les dépressions, le noyau commun dépressif est centré autour de l'inhibition. Ce sont les thèmes dépressifs qui vont varier d'une culture à l'autre.
 

8.3. Hypothèse autour de la théorie de l'attachement
 

La dépression serait la conséquence d'une séparation, de la perte d'un lien affectif. Cette théorie prédit que le fait de perdre un parent durant l'enfance peut être un élément de vulnérabilité à la dépression à l'âge adulte.
 

8.4. Hypothèse psychanalytique
 

Le point de vue psychanalytique met l'accent sur la notion de perte d'objet liée à la dépression. Une blessure narcissique peut également être à l'origine d'une dépression (échec, humiliation, perte d'emploi...).

La dépression serait en lien avec la présence de carences affectives précoces, en particulier manifestée par une perte de l'estime de soi; le sujet n'aurait pas été aimé à sa juste valeur.
 

8.5. Présence d'éléments de vie stressants
 

Des études comparant le parcours de vie de patients déprimés et de personnes non déprimées montrent que les personnes déprimées présentent trois fois plus d'évènements non favorables dans les six mois à un an qui précède la dépression que les non déprimés (perte, séparation, conflits familiaux, maladie d'un proche...).
 

8.6. Hypothèse biologique
 

Depuis le mileu de sannées 1970, la présence d'anomalies biologiques accompagnant des états dépressifs parait tout à fait démontrée, même si leur signification, leur role dan sle déclenchement du processus pathologique, leur intrication avec les facteurs psychogènes ou sociogènes restent problématiques.

L'interet est porté sur le métabolisme des amines cérébrales et l'on tend à admettre qu'il existe, dans certains états dépressifs, une hyposérotoninergie et, dans d'autresn une hyponoradrénergie.

 

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Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité obsessionnelle compulsive

Par Le 14/06/2017

Il s’agit de l’une des personnalités psychopathologiques les plus fréquentes.
 

Les critères du DSM IV
 

Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, au dépend d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

  • préoccupations pour les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans au point que le but principal de l’activité est perdu de vue
  • perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (par ex, incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop strictes ne sont pas remplies)
  • dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des impératifs économiques évidents)
  • est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de morale, d’éthique ou de valeur (sans que cela soit expliqué par une appartenance religieuse ou culturelle)
  • incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale
  • réticence à déléguer des taches ou à travailler avec autrui à moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire les choses
  • se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ; l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de catastrophes futures
  • se montre rigide et têtu
     

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 4% de la population générale et est plus fréquent chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Les symptômes principaux sont le perfectionnisme, le fait d’être méticuleux, le souci de l’ordre (matériel, moral ou social), l’indécision, la froideur émotionnelle et la psychorigidité. On retrouve ces différents symptômes dans le « caractère anal » qui associe :

- le souci de l’ordre et de propreté, qui s’accompagne d’une grande méticulosité, dune ponctualité rigoureuse et de perfectionnisme. Il en découle dans le domaine moral une fidélité aux engagements, une attitude scrupuleuse dans les obligations et le sens du devoir.

- Le sens de l’économie qui peut aller jusqu’à la mesquinerie voire l’avarice. la difficulté à partager et à donner va de pare avec le goût de la possession et conduit souvent à amasser (provisions, collections).

- L’entêtement obstiné qui rend compte de la ténacité, de la persévérance de ces sujets qui sont peu influençables. Cela s’accompagne volontiers d’autoritarisme.

L’obsessionnel s’attache aux détails et n’arrive pas à dégager des vues d’ensemble ; il perd du temps et ne peux pas terminer les taches qu’il s’est fixées, lesquelles sont souvent trop compliquées, démesurées, mal adaptées. Hésitant entre plusieurs perspectives qui comportent chacune leur avantage, l’obsessionnel hésite, ne se décide pas, laisse passer d’excellentes occasions.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Ces sujets sont décrits comme froids, impassibles, ayant une forte tendance à l’intellectualisation et ceci afin de se préserver des débordements émotionnels qu’ils redoutent. Il leur semble normal de dire que les sentiments comme la peur, la haine, l’amour peuvent se raisonner, s’organiser et se conclure rapidement. Sur ce fond général de rétention respectable, des éruptions volcaniques peuvent survenir qui font soudain sauter toutes les défenses. Ce sont alors des déchaînements agressifs, colère, vengeance, règlements de compte amoureux ou financiers qui sont d’autant plus incontrôlés que l’obsessionnel a peu d’expérience de la vie affective.

Ils sont fréquemment qualifiés d’égoïstes, voire d’autoritaires avec leur famille, en faisant passer leur activité professionnelle avant leur vie familiale.

Malgré tout, les relations interpersonnelles peuvent être bonnes, peuvent être remarquablement bien adaptées, surtout si leur activité professionnelle sollicite leur trait de personnalité. Cependant, le sujet ne fait pas confiance aux autres, non pas parce qu’il se sent persécuté par eux, mais parce qu’il pense qu’ils ne feraient pas aussi bien que lui. Il trouvera toujours quelque chose à redire sur ce que l’autre a fait.
 

Style cognitif
 

Le style cognitif est basé sur la logique, le raisonnement, le respect de la morale et l’importance du détail ce qui conduit le sujet à avoir une vision analytique des situations. Néanmoins, les hésitations et le perfectionnisme produisent souvent une sorte de mal être cognitif qui se caractérise par l’impression que les idées se bousculent dans la tête et apr l’impossibilité pour le sujet de hiérarchiser les idées et les taches à accomplir.
 

Perception de soi
 

Ils se considèrent volontiers comme sérieux, responsables et efficaces. Ils évitent de s’introspecter. Ils aiment bien la vérité mais il s’agit le plus souvent de leur vérité.
 

Perception des autres
 

Les autres sont perçus comme irresponsables, imprévisibles, insouciants, légers, inconséquents.

Les pensées automatiques sont du type :

  • « je suis responsable de moi même et des autres »
  • « je sais ce qui est bien »
  • « il faut faire les choses parfaitement »
  • « les fautes sont intolérables »
  • « une personne qui s’est trompée doit être punie »
  • « je dois contrôler mes émotions »
     

Adaptation et évolution
 

L’évolution va être variable. On note au fur et à mesure de l’évolution des troubles une dégradation au niveau de l’adaptation professionnelle et familiale. Ces troubles ont tendance à s’aggraver avec l’âge et au fur et à mesure, la capacité de résistance de l’entourage diminue.

L’évolution peut se faire soit vers un trouble obsessionnel compulsif, soit vers un épisode dépressif majeur.

On note un lien fréquent entre personnalité obsessionnelle et trouble des conduites alimentaires.
 

Hypothèses explicatives
 

Il s’agit de l’un des troubles les plus expliqués par la psychanalyse, explication qui prend sa source au niveau du stade sadique anal sur lequel resterait fixé le sujet. La psychanalyse met l’accent sur les mécanismes de défense utilisés qui sont l’isolation, la formation réactionnelle, le déplacement et la sublimation. La propreté excessive serait une formation réactionnelle contre le goût de la saleté.

Les théories cognitives ont mis l’accent sur les règles éducatives rigides que l’on peut repérer dans les familles des patients présentant ce trouble. Ces familles sont décrites comme rigides, où le rôle de chacun va être spécifié, et comme ayant peu d’expression émotionnelle.
 

Prise en charge
 

Elle va mettre l’accent sur la modification de la perception des autres afin que le sujet apprenne à leur faire confiance et à leur déléguer des tâches.

Elle passe par l’apprentissage des émotions.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité dépendante

Par Le 14/06/2017

Le diagnostic de personnalité dépendante doit être envisagé chaque fois qu’un sujet formule une demande de psychothérapie pour manque de confiance en soi, timidité, problème de couple, ou qu’il se présente sous l’apparence d’une victime pitoyable, carencée en affection par un conjoint qui répond à sa « gentillesse » ou à ses symptômes somatiques multiples avec brutalité.


 

Les critères du DSM IV
 

Besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

- le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui

- à besoin que d’autres assument les responsabilisés dans la plupart des domaines importants de sa vie

- a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation (ne pas tenir compte d’une crainte réaliste de sanction)

- a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par manque de confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie)

- cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de se porter volontaire pour faire des choses désagréables

- se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller

- lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin

- est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé à se débrouiller seul
 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 2% de la population générale avec la même équivalence pour les hommes et les femmes. La prévalence est plus élevée chez les patients chez qui on diagnostique d’autres psychopathologies (dépression, trouble anxieux notamment).
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

On retrouve toujours chez ces patients un comportement soumis qui est lié à un besoin excessif d’être pris en charge et apprécié par les autres. Ce sont des sujets qui vont avoir des difficultés à vivre les situations de séparation ; on dit d’eux qu’ils ont tendance à se « cramponner aux autres » et notamment aux relations qu’ils ont établies. Ils ont un style enfantin et immature ( dénomination par un diminutif, vêtement évoquant l’adolescence attardée).

Ils présentent une incapacité à prendre des décisions sans en passer par les autres, et parfois de manière insistante. Cette manière d’agir peut tout aussi bien concerner des domaines importants de la vie du sujet (choix professionnels, familiaux) que des aspects moins importants (choix d’un restaurant, du programme télé).

Ils présentent également des difficultés à exprimer un désaccord avec les autres par crainte de perdre leur soutien, voire d’être rejeté. Ce besoin peut les conduire à certains comportements, attitudes incohérentes.

Ils sont décrits comme ayant peu d’initiative par manque de confiance en eu. Mais à l’inverse, ils vont accepter d’effectuer des taches déplaisantes. Ce sont des sujets qui vont avant tout essayer de rendre service aux autres, et de combler les désirs des autres avant leurs propres désirs.

On souligne chez eux une anxiété qui va être massive à chaque fois que des décisions doivent être prises (d’où un besoin de réassurance perpétuel de la part d’autrui).
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les relations interpersonnelles sont marquées par la soumission, le renoncement à exprimer ses propres désirs et l’effacement devant les autres. Ceci a pour effet de conduire les sujets à se sentir victime d’un système qu’ils qualifient de tyrannique mais qui est un système auquel ils participent en priorité par les comportements décrits précédemment.

Les personnalités dépendantes recherchent constamment une autorité protectrice, le plus souvent un conjoint qui assume le rôle de protecteur et de décideur. Les relations de dépendance pathologique induisent un déséquilibre croissant au fil de l’histoire conjugale et débouchent sur des situations de crise, des ruptures ou des « maladies-refuges ».

L’expression des affects est dominée par l’anxiété présentée par ces personnalités. L’inhibition affecte la plupart de leurs comportements.
 

Style cognitif
 

Il est dominé par des sentiments d’impuissance et de dévalorisation.
 

Perception de soi
 

Ils ont une vision dévalorisée d’eux même. Ils se voient comme faibles, incompétents, impuissants. Ils ne conçoivent pas de puiser en eux même les ressources pour faire face aux problèmes de la vie quotidienne.
 

Perception des autres
 

Ils ont une vison valorisée des autres. Les autres sont vus comme forts, compétents, habiles, adultes ; ce sont des protecteurs potentiels. Il en résulte une naïveté, un manque de recul critique, une crédulité, une docilité extrême. C’est pourquoi certaines personnes dépendantes choisissent comme partenaires soit des hommes virils (éventuellement agressifs voire sadique), soit des femmes maternelles et dominatrices.

Les pensées automatiques des personnalités dépendantes sont du type :

- « seul je suis impuissant »

- « je ne peux pas m’en sortir tout seul »

- « je dois être aidé »

- « je ne peux pas vivre sans soutien »

- « je suis incapable de décider tout seul »

- « je n’y arriverai pas »

- « je suis nul, je suis bête »

- « qu’est ce que je vais encore faire comme bêtise. On va ma laisser tomber, qu’est ce que je vais devenir »

- « les autres ont raison et moi j’ai tort »
 

Adaptation et évolution
 

Il y a peu de données à l’heure actuelle. L’adaptation est variable, elle dépend du contexte dans lequel évolue la personne.

La personnalité dépendante favorise l’apparition des troubles de l’axe I comme :

- un trouble anxieux

- des troubles somatiques fonctionnels

Un épisode dépressif majeur est également une évolution possible.
 

Hypothèses explicatives
 

Les différentes hypothèses mettent l’accent sur le rôle de l’enfance avec :

  • une incapacité à surmonter ou à surpasser l’angoisse de séparation durant l’enfance. ceci serait un facteur de prédisposition au développement d’une personnalité dépendante.
  • Une interruption du lien d’attachement au cours de la première période de l’enfance, événement qui favoriserait chez la personne adulte le développement d’une peur chronique de perdre ceux auxquels elle tient.
  • Une surprotection parentale durant l’enfance avec une fréquence plus élevée de mères anxieuses, voire phobiques, attitude qui ne favoriserait pas l’autonomie de l’enfant puis de l’adulte. Rappelons que l’autonomie est le sentiment de vivre indépendamment, c’est à dire sans le soutien permanent des autres : un individu autonome est apte à exprimer ses propres besoins, préférences, jugements, sensations. Il possède un sentiment de sa propre identité et exerce un contrôle satisfaisant sur son comportement psychique et physique. Il est apte à décider par lui-même et mène son existence en fonction de ses propres objectifs, en tenant compte des données de son environnement (Young, 1990). Le développement de l’autonomie nécessite, de la part des parents, une certaine aptitude à tolérer et encourager l’expression par l’enfant de ses propres besoins. Les enfants ont besoin d’être renforcés sans excès dans l’expression de leur indépendance. Ils ont besoin d’être sûrs qu’ils sont en bonne santé, qu’ils sont des individus robustes, que le monde est relativement sans danger pour eux. Ils doivent pouvoir exprimer leurs émotions y compris un certain degré de colère, sans être réprimandé par une sévérité excessive.
     

Prise en charge
 

Quelque soit la nature de la prise en charge, le problème majeur avec ce type de personnalité est leur dépendance excessive au traitement qui leur est proposé. En effet, la dépendance au traitement peut tout aussi bien concerner le thérapeute que les médicaments. De plus, elles attendent du thérapeute qu’il résolve tous les problèmes à leur place.

Les thérapies cognitives vont d’avantage mettre l’accent sur l’autonomisation du patient. Cependant, elles peuvent être mal vécues par les patients puisqu’on demande au sujet d’être actif ce qui contraste avec son fonctionnement habituel.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité évitante

Par Le 14/06/2017

Les personnalités évitantes sont d’éternelles spectatrices envieuses de la vie des autres. Elles n’accèdent qu’occasionnellement au rang d’actrices et jouent alors plutôt des rôles de victimes.

Les critères du DSM IV
 

Mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négatif d’autrui qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

- le sujet évite les activités sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte d'être critiqué, désapprouvé ou rejeté

- réticence à s'impliquer avec autrui à moins d'être certain d'être aimé

- est réservé dans les relations intimes par crainte d'être exposé à la honte et au ridicule

- craint d'être critiqué ou rejeté dans les situations sociales

- est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d'un sentiment de ne pas être à la hauteur

- se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres

- est particulièrement réticent à prendre des risques personnels ou à s'engager dans de nouvelles activités par crainte d'éprouver de l'embarras
 


 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 0,3% à 1,3% de la population générale. Il se retrouve avec une fréquence élevée dans certains troubles psychiatriques au premier rang desquels les troubles anxieux. Les études montrent une même proportion d’homme et de femme pour la personnalité évitante.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Les principaux symptômes sont l’inhibition sociale, l’image dévalorisée de soi ainsi qu’une hypersensibilité au jugement d’autrui surtout quand il est négatif.

On observe chez ces patients une timidité prononcée, le sujet essaye de passer inaperçu. Il refuse ou évite régulièrement certaines situations. L’évitement est leur stratégie centrale et concerne systématiquement :

- les situations sociales d’intimité ou leur « vrai moi » pourrait être découvert

- les comportements susceptibles d’engendrer des pensées désagréables.

Les conduites d’évitement fréquentes chez ces personnalités peuvent dans certains cas prendre un caractère paradoxal les conduisant à des attitudes de défis et d’affrontement des situations redoutées.
 

D’autre part, ils s’attachent aux conventions. L’inhibition et l’hésitation sont observées dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Ces sujets vont régulièrement refuser tout contact visuel prolongé, ils apparaissent maladroits dans les relations sociales, s’expriment le plus souvent avec lenteur et embarras. Les personnalités évitantes ont peurs des compliments, ne savent pas comment y répondre, refusent souvent des promotions professionnelles, motivé par l’absence de confiance en eux.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

L’inhibition sociale et la susceptibilité rendent les relations sociales très difficiles.

Le choix de la solitude, du célibat, met durablement les personnalités évitantes à l’abri de toute situation sociale qui risquerait de les soumettre à des jugements, des critiques, des vexations. Elles choisissent des emplois obscurs, protégés et sans gloire qu’elles accomplissent avec une méticulosité qui les protège des remontrances.

Elles ont vocation à devenir des souffre-douleur puisqu’à force d’effacement elles finissent toujours par attirer l’attention d’un inévitable boute-en-train pour lequel elles constituent des proies faciles.

Dans les relations affectives, ces personnes sont facilement séduites par les autres mais rapidement abandonnées du fait de leur gentillesse et de l’ennui qu’elles suscitent.

Ces personnes vont en général réprimer les émotions fortes et pénibles de leur registre émotionnel l’évitement des émotions fortes et tout particulièrement des émotions pénibles ou angoissantes régit la vie psychique des personnalités évitantes. Leur tolérance à la frustration est très faible. Elles fuient le plaisir comme la douleur, étant donné que cette dernière résulte fréquemment de la cessation du premier.
 

Style cognitif
 

La distractibilité caractérise l’état psychique habituel des personnalités évitantes, tant la place du rêve éveillé et de l’imagination est grande. Il est également marqué par l’indécision et l’anxiété. L’inhibition sociale peut parfois les conduire à ressentir un état de confusion mentale lorsqu’elles rencontrent des situations sociales embarrassantes dont elles ne savent pas se sortir.
 

Perception de soi
 

Leur propre perception est marquée par une faible estime de soi entraînant la conviction que les autres vont les rejeter. Les schémas centraux sont du type :

- « je suis nulle »

- « les gens vont me rejeter, je vais les ennuyer »
 

Perception des autres
 

A l’inverse, les autres sont perçus comme des êtres « intelligents » et vont rapidement devenir inaccessibles pour la personne évitante.
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est variable.

On ne décrit pas une évolution typique de la personnalité évitante. Le risque majeur pour ce type de personnalité est une décompensation sur le mode d’un trouble anxieux (phobique). C’est une évolution qui va être ponctuée par la survenue d’épisodes dépressifs.
 

Hypothèses explicatives
 

On s’est intéressé aux pistes biologiques et génétiques qui restent des voies d’exploration presque totales.

Deux facteurs qui interviennent pendant l’enfance contribuent à l’apparition d’une personnalité évitante :

- le caractère disproportionnel des critiques et des reproches de la part de l’entourage ayant conduit le patient à une faible estime de soi et à un évitement de certaines situations

- la répétition durant l’enfance d’expérience de rejet dans divers situations (sociales, familiales, scolaires…).

De plus, la peur d’être enviée par les autres les amène à craindre, par la même occasion, de pendre leur affection. Les personnalités évitantes manifestent une aptitude à annuler rétroactivement leur succès : convaincues d’avoir réussi par hasard, elles ratent le deuxième essai ce qui les met à l’abri de susciter l’envie des autres.
 

Prise en charge
 

Le travail thérapeutique doit surtout s’orienter vers la modification de l’image de soi (notamment l’affirmation de soi et des aptitudes sociales). Ce travail nécessite l’instauration d’une relation de confiance ce qui peut prendre du temps avec ces personnalités. Les progrès sont alors très lents et infimes car ces patients ont tendance à éviter les séances et les tâches à accomplir chez soi. Le thérapeute doit alors s’efforcer de proposer des taches réalistes et de renforcer sans relâche les petits succès. La tenue d’un carnet de bord d’événements agréables doit être encouragée.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité borderline

Par Le 14/06/2017

Le concept de trouble limite de la personnalité découle de la notion ancienne « d’état frontière entre folie et normalité » instaurée par Hugues en 1884.
 

Les critères du DSM IV
 

Mode général d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

- efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés

- mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisées par l’alternance entre des positions extrêmes d’idéalisation excessive et de dévalorisation

- perturbation de l’identité : instabilité marquée et persistante de l’image ou de la notion de soi

- impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (dépenses, sexualité, toxicomanie, conduite automobile dangereuse, crise de boulimie)

- répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires ou d’automutilations

- instabilité affective due à une réactivité marquée de l’humeur (dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours)

- sentiment chronique de vide

- colères intenses et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées)

- survenue transitoire dans des situations de stress d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères
 

Données épidémiologiques
 

La prévalence est de 0,2% à 3% dans la population générale. C’est une forme de personnalité pathologique fréquente chez les patients hospitalisés en psychiatrie. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Elle est caractérisée avant tout par une instabilité au niveau interpersonnel, de l’image de soi et des affects. L’instabilité et l’impulsivité sont aussi la cause d’une insertion professionnelles fragile et de biographies émaillées de ruptures sentimentales.

Ces sujets sont dans une quête affective permanente. Ils manifestent un besoin fondamental des autres et de leur présence, mais en même temps, ils se sentent toujours menacés par autrui. Ils sont perpétuellement préoccupés par un abandon, la crainte d’être abandonné. L’image qu’ils ont d’eux mêmes est peu stable, fragile, imprécise et diffuse, ils éprouvent un sentiment de vide et manifestent des troubles de l’identité. ils ignorent qui ils sont, ce qu’ils veulent et ceux qu’ils aiment. Ils ignorent quel sens donner à leur vie, quelle activité entreprendre, quelles valeurs respecter, quel loisir choisir. Ils décrivent de manière consciente ce sentiment de vide qui les envahit et évoquent des difficultés à trouver un sens à leur existence.

Leur humeur est extrêmement labile (changeante) et ceci en fonction des situations qu’ils sont amenés à rencontrer. Ce sont des individus qui ont une faible tolérance à la frustration, qui généralement engendre chez eux des colères parfois intenses. On observe souvent des conduites sexuelles déviantes (parfois de type pervers), des fugues, des abus toxicomaniaques dont la signification est autodestructrices. L’importance des passages à l’acte, auto ou hétéro-agressifs, peut être mis en rapport avec l’importance de l’agressivité et de l’impulsivité. au moment du passage à l’acte, le patient est en accord avec sa conduite, il ne la critique pas et ceci contraste avec l’apparente lucidité du patient à l’égard de ses actes en dehors de ces périodes de passage à l’acte. le lendemain, le sujet n’est plus vraiment capable de retrouver ce qui l’a motivé à faire par exemple une tentative de suicide.
 

Deux mécanismes de défense sont généralement utilisés.

Le clivage est le mécanisme de base le plus utilisé par la personnalité borderline. Le monde du patient borderline est manichéen, en « tout ou rien », bon ou mauvais, sachant qu’un même objet peut changer de statut. Le clivage a pour but de maintenir activement séparé le bon du mauvais afin d’éviter que le bon ne soit contaminé par le mauvais. Ce mécanisme permet d’éviter la confrontation à l’ambivalence et à la souffrance dépressive. L’utilisation du clivage concerne la perception de soi même et celle des autres. A certains moments, le patient va se sentir incapable, incompétent et à d’autres moments, sûr de lui et confiant. De même, les autres sont soit bons, soit méchants, les personnes admirées peuvent devenir sans transition des personnes détestées. Au mécanisme du clivage s’associe celui de l’idéalisation qui est la tendance à voir les objets externes comme totalement bons, afin de protéger le sujets contre les mauvais objets et pour qu’ils ne soient pas détruites ou abîmés par sa propre agressivité.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les relations interpersonnelles sont instables et précaires. Elles sont le plus souvent conflictuelles. Ce sont des sujets qui sont avides sur le plan émotionnel, pouvant devenir dépendant des autres. Néanmoins, quand cette dépendance devient intolérable pour le sujet, elle peut conduire à la rupture ou au rejet.

L’humeur ne cesse de fluctuer entre tristesse, ennui, colère révolte, exaltation, abattement. L’amélioration du contrôle émotionnel est donc un objectif primordial de la psychothérapie.
 

Style cognitif
 

Les patients borderline sont caractérisés par une pensée dichotomique, c’est à dire en tout ou rien, du fait du clivage. Le recours à la pensée dichotomique résulterait d’une procédure simplifiée de traitement de l’information. c’est pourquoi l’apprentissage des opérations formelles, le développement des capacités d’abstraction et des compétences linguistiques constituent un objectif important du traitement.

Kenberg en 1970 décrit de façon saisissante l’univers mental des patients limites : « leur monde intérieur est peuplé de représentations caricaturales des aspects bons et horribles des êtres qui ont compté pour eux… De la même manière, leur perception d’eux même est un mélange chaotique d’images honteuses, menaçantes ou exaltées. »

Les pensées automatiques des personnalités borderline sont du type :

  • « personne ne m’aime »
  • « je serai toujours seul »
  • «personne ne pourra jamais m’accepter »
  • « je suis impossible à vivre, mauvaise, coupable »

Les croyances sont :

  • « je ne peux m’en sortir tout seul, mais qui peut m’aider ? »
  • «il ne faut pas dépendre des autres, sinon on risque de se faire rejeter »
  • «je dois contrôler à tout prix mes émotions, sinon c’est la catastrophe »
  • «de toute façon, je n’arriverai jamais à me contrôler »
     

Adaptation et évolution
 

Les études montrent le plus souvent une évolution imprévisible qui se fait néanmoins sur un mode chronique. On relève fréquemment des passages à l’acte auto ou hétéro-agressifs, des épisodes d’impulsivité (conduites addictives…). Les comportements suicidaires sont particulièrement fréquents et graves. Ils dominent le pronostic.

Il peut y avoir la survenue d’un épisode dépressif qui, le plus souvent, surgit au décours d’une rupture sentimentale qui vient renforcer le sentiment d’abandon quasi constant chez ces personnalités.
 

Hypothèses explicatives
 

L’existence de mauvais traitements physiques et/ou psychiques intervient comme un facteur de risque dans le développement de la personnalité borderline. Il y a une prédominance pour la présence de facteur d’agression sexuelle précoce, une perte, une séparation précoce, des conflits familiaux durant l’enfance, une négligence parentale durant l’enfance.

Les études familiales montrent que ce trouble est plus fréquent chez les patients apparentés à des personnes présentant les mêmes types de troubles.
 

Prise en charge
 

La prise en charge va s’axer sur l’affaiblissement de la pensée dichotomique, un accroissement du contrôle des émotions et le renfoncement du sens de l’identité. certaines études ont montré une certaine efficacité d’un type d’antidépresseurs, les tricycliques.
 

Affaiblissement de la pensée dichotomique
 

Le style de pensée dichotomique des patients limites est tellement pissant qu’il constitue une sorte de tache aveugle : rien ne sert de les y confronter, même de façon répétée, car ils ne comprennent pas qu’ils soit possible ou même utile de penser autrement.

Méthode thérapeutique : la méthode du continuum. Le patient est invité à établir une hiérarchie de personnes, de situations, d’émotions, en fonction des sentiments qu’il leur porte et dont les pôles extrêmes peuvent être par exemple : confiance-défience, peur-réconfort, plaisir-déplaisir. Puis il y a discussion avec le thérapeute avec utilisation du questionnement socratique.
 

Accroissement du contrôle émotionnel
 

Beck préconise de fréquemment questionner ces patients à propos de leur état émotionnel et d’apporter par une attitude d’acceptation, de tolérance et de bienveillance, la démonstration concrète que l’expression des émotions ne comporte pas tous les dangers imaginés. Il convie par contre le patient à réfléchir aux avantages et inconvénients, aux conséquences des actes impulsifs, en l’incitant, sans relâche à tenir compte de son propre intérêt.

Un meilleur contrôle des émotions passera par l’exploration des « pour » et des « contre », l’identification des solutions alternatives, l’exploration de leur faisabilité, la sélection d’une réponse appropriée, la prédiction des conséquences, du coût émotionnel à payer et l’évaluation de la réponse.


 

Annexes

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité narcissique

Par Le 14/06/2017

Les critères du DSM IV
 

Mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, de besoin d’être admiré et de manque d’empathie qui apparaissent au début de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

- le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (par ex, surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport)

- est absorbé par des fantaisies de sucées illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d’amour idéal

- pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau

- besoin excessif d’être admiré

- pense que tout lui est dû : s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits

- exploite l’autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins

- manque d’empathie : n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autru
i - envie souvent les autres, et croit que les autres l’envient

- fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains
 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 11% de la population générale et est plus marqué chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Les caractéristiques de la personnalité narcissique sont la fantaisie, le manque de scrupules et les comportements grandiose. Ces sujets ont le sentiment d’être quelqu’un d’unique et de spécial qui doit être constamment admiré par les autres. Une autosatisfaction, un manque de modestie qui peut aller jusqu’à l’arrogance sont fréquents. Cette image élevée qu’ils ont d’eux même est souvent renfoncée par une phase d’ascension sociale qui est marquée par une réussite professionnelle. Néanmoins, ils commettent des erreurs de jugement dues à la surestimation de leurs compétences et de leurs qualités qui les conduisent fréquemment à des échecs importants. L’adversité ne va pas les stimuler à le différences des personnalités antisociales dont ils partagent le manque de scrupules. On relève également une obsession de la perfection.

Ils présentent une indifférence aux autres qu’ils ont tendance par ailleurs à exploiter. Les autres ne sont là que pour les admirer mais ne reçoivent en retour aucune considération. Ceux qui peuvent être admirés pendant un temps peuvent ensuite faire l’objet d’un mépris soit parce qu’ils cessent de s’intéresser à la personne narcissique, soit par ce que la personne narcissique a atteint son but et considère qu’elle n’a plus besoin des autres. Ils ont une vision très utilitaire des autres et de leur entourage.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les relations interpersonnelles sont de nature très changeante puisqu’elles sont ponctuées par l’admiration et le mépris.

L’expression affective est marquée par une indifférence aux sentiments d’autrui et par un manque total d’empathie. l’humeur est généralement enjouée mais nécessite un contrôle extrême puisque cette humeur dissimule le plus souvent la crainte d’être critiqué, ce qui peut alors conduire le sujet à de forts accès de colère.
 

Style cognitif
 

Perception de soi
 

La perception de soi est guidée par la haute image que ces patients ont d’eux même. L’importance accordée à l’apparence prédominent dans l’analyse de la réalité. Les personnalités narcissiques se comparent automatiquement aux autres en terme de supériorité/infériorité, singularité/banalité, puissance/faiblesse, richesse/pauvreté, beauté/laideur.
 

Perception des autres
 

La perception des autres est dichotomique, manichéenne : les autres sont perçus soit comme des admirateurs, soit comme des personnes admirées. Soit ils sont utiles, soit ils sont méprisés.

Le schéma central des personnalité narcissique sont « je suis spécial ». les croyances découlant de ce schéma sont du type :

- « j’ai le droit à des privilèges »

- « Je dois être admiré »

- « Ceux qui me critiquent m’en veulent, sont jaloux »
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est variable chez les personnalités narcissiques et va dépendre du milieu socioculturel auquel appartient l’individu.

L’évolution est elle aussi variable. Certains troubles évoluent favorablement, d’autres au contraire s’inscrivent dans un fonctionnement chronique au cours duquel les décompensations dépressives sont fréquentes et peuvent conduire le patient au suicide.
 

Hypothèses explicatives
 

Deux facteurs sont régulièrement mis en cause. Il y aurait le rôle de facteurs éducatifs à savoir que les parents auraient eu tendance à répondre par une admiration exagérée à leur enfant ce qui aurait perturbé le sens de sa propre valeur par rapport à la réalité. Toutefois, tous les enfants gâtés ne deviennent pas narcissiques et certains auteurs ont insisté sur le fait que des enfants ayant un statut différent (social, culturel, économique) peuvent être amenés à développer des idées grandioses sur eux même et ceci pour compenser leur sentiment d’infériorité ou leur différence.

Certains auteurs suggèrent que le trouble de la personnalité narcissique provient de l’échec développemental précoce concernant l’intégration et une limitation des comportements d’empathie. par conséquent, l’enfant demeure fixé au stade développemental de la centralité de ses besoins.

A noter qu’il est bien rare que les filles de femmes narcissiques le soient : elles sont plutôt déprimées, dépourvues d’affirmation de soi à force d’avoir été humiliées par les comparaisons désavantageuses.
 

Prise en charge
 

La mise en place d’une relation thérapeutique va généralement procurer chez le patient un sentiment de satisfaction, du moins au début. En effet, dans un deuxième temps, le patient va avoir du mal à tolérer la frustration naturellement engendrée par la thérapie. Il y a un taux d’abandon des psychothérapies élevé chez les narcissiques.

L’objectif de la prise en charge est d’affaiblir le sentiment de supériorité par le biais de croyances alternatives et développer les capacités de se questionner sur les autres, être plus attentif à leurs sentiments, à leurs émotions. Il s’agit de développer les capacités d’empathie.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité histrionique

Par Le 14/06/2017

En France, on utilise d’avantage le terme de personnalité hystérique pour désigner ce trouble.

Selon la définition du Larousse, un histrion est un mauvais acteur, un cabotin qui en fait trop pour s’attirer l’attention du public.

Les critères du DSM IV
 

Mode général de réponses émotionnelles excessives et de quête d’attention qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

le sujet est mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au centre de l’attention d’autrui

  • l’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante
  • expression émotionnelle superficielle et rapidement changeante
  • utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l’attention sur soi
  • manière de parler trop subjective mais pauvre en détails
  • dramatisation, théâtralisme et exagération de l’expression émotionnelle
  • suggestibilité, est facilement influencé par autrui ou par les circonstances
  • considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité
     

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 1,3% à 3% de la population générale avec une prédominance féminine.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Le symptôme majeur est l’histrionisme : attitude des patients qui cherchent à attirer l’attention sur eux à plaire ou à séduire de façon excessive et envahissante. Contrairement aux personnalités dépressives qui s’enferment et s’autostimulent dans leurs ruminations moroses ou aux personnalités dépendantes qui attendent passivement l’aide d’autrui, les personnalités histrioniques sont des dépendantes actives : elles cherchent activement l’attention et l’aide d’autrui. de cette manière, elles ont une forte capacité à changer d’attitude en fonction de ce qu’elles supposent des attentes de leur interlocuteur.Elles ont besoin de plaire pour exister et ont peu d’autonomie psychologique.

De manière plus générale, l’attitude de la personnalité histrionique est une attitude théâtrale ; ce sont des comédiennes en perpétuelle représentation. Leurs récits dramatisent ou embellissent la réalité. Parfois, ils la falsifient ; c’est ce que l’on nomme la mythomanie (fabulation non délirante).

Dans le cas d’une absence d’intérêt par les autres, le niveau d’angoisse de ces patients va augmenter ce qui peut faire redouter chez eux un passage à l’acte dont le plus dramatique sera la tentative de suicide. Elle doit alors être interprétée comme un moyen supplémentaire de rester sous le regard d’autrui.

Parmi les autres symptômes on retrouve :

  • l’égocentrisme
  • une dramatisation factice
  • des comportements manipulatoires, comme le chantage
  • la labilité des affects (changement fréquent d’humeur). Les patients ont tendance à réagir par l’émotion et non par la dimension cognitive ou intellectuelle
  • la facticité des affects (superficialité au niveau des émotions): les émotions paraissent souvent exagérées par rapport au contexte et hors propos.
  • une dépendance aux autres. Quand la dépendance affective est au premier plan chez l’hystérique, les auteurs parlent de « personnalité passive dépendante », chez qui on retrouverait d’avantage de symptôme de conversion. Quand le théâtralisme est au premier plan, on parle de personnalité histrionique.
  • une érotisation des relations sociales : ce comportement de séduction fait passer à tord les personnalités histrioniques pour des nymphomanes. En effet, elles affichent une hyper-féminité.
  • Des troubles de la sexualité avec soit un évitement de toute sexualité, soit une hypersexualité apparente masquant de profondes inhibitions, une frigidité.
  • Suggestibilité
  • Immaturité

La personnalité histrionique n’est pas toujours consciente du jeu qu’elle mène, les possibilités d’introspection lui font défaut de même que celui de manque de recul et de contrôle vis à vis des affects.
 

La personnalité histrionique est plus rare chez l’homme, et est plus mal tolérée socialement. L’histrionisme ici se traduit par la vantardise, des fanfaronnades, les récits enjolivés d’aventures avantageuses cherchant à masquer sa faiblesse et son absence de virilité. L’attitude de donjuanisme masque les inhibitions sexuelles.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

On dit de ces personnes qu’elles évitent les relations affectives authentiques avec autrui. La personnalité histrionique a constamment besoin des autres pour se sentir valorisée. Cette dépendance affective, accompagnée de l’égocentrisme, s’associe à une extrême intolérance aux frustrations qui, dans certains cas, va prendre des formes spectaculaires dont les plus communes sont les pleurs intenses, les colères excessives. Le mouvement caractérise l’humeur habituelle des personnalités histrioniques : les élans d’enthousiasmes et les accablements se succèdent sans relâche. On relève également une hyperactivité émotionnelle.
 

Style cognitif
 

Il existe une réelle difficulté chez ces patients à fixer leur attention, à se concentrer durablement sur les événement, une difficulté à avoir une analyse rationnelle des situations. Les situations vont d’avantage être analysées selon les émotions qu’elles suscitent chez les sujet, donnant au discours un caractère flou, vague, subjectif.

Perception de soi
 

Ces personnes on une image de soi profondément dévalorisée. De surcroît, les expériences de rupture à répétition renforcent leur profond sentiment de manque de valeur, de faiblesse face à l’existence. Cependant, elles vont majorer cette faiblesse dans l’espoir qu’on les secoure ; les personnalités histrioniques recherchent activement des supports externes.

Perception des autres
 

La perception des autres s’appuie avant tout sur des besoins de renforcement narcissique recherché par la personnalité histrionique. Les autres sont des admirateurs potentiels, un public à conquérir. Découvrir dans le regard d’autrui une lueur d’intérêt revient à devenir intéressant à ses propres yeux (théorie de l’autoperception, Bern, 1972).

C’est pourquoi la restauration de l’estime de soi est un objectif prioritaire des thérapies des personnalités histrioniques. Elles sont tellement convaincues de leur manque de valeur, elles y semblent tellement attachées comme à une image de marque, que seule la démonstration par les faits, c’est à dire la confrontation de leur compétences réelles aux épreuves de la réalité, présente une réelle efficacité.

Les principales croyances centrales sont du type :

- « je suis sans attrait »

- « je suis nulle »

- « je suis incapable de m’en sortir toute seule »

- « je dois être aimée par tous »

Celles-ci sont masquées par des croyances superficielles du type :

- « je suis drôle »

- « j’impressionne les gens »

Les croyances secondaires sont :

- « je ne peux être heureuse qu’en étant admirée »

- « les gens ne vont pas me remarquer si je ne suis pas originale, excentrique »

- « les gens n’ont pas le droit de me refuser leur aide »

- « ceux qui ne m’aiment pas sont nuls »
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est très variable et est fonction du mileui social et culturel dans lequel ‘l’individu évolue. En effet, certains milieux professionnels peuvent valoriser ce type de personnalité d’où une bonne adaptation. D’autres vont être constamment rejetés et vivre dans un sentiment permanent d’insatisfaction et d’échec.

Globalement, les difficultés s’accroissent avec l’âge. L’évolution est généralement marquée par la survenue soit d’épisodes de somatisation entraînant une appétence médicale très prononcée, soit d’épisodes dépressifs majeurs qui surviennent le plus souvent en réaction aux frustration, aux échecs et aux abandons. En cas de somatisation, les plaintes concernent une fatigue et des douleurs diverses.
 

Hypothèses explicatives
 

Explication psychanalytique
 

Le courant psychanalytique ne parle pas de personnalité histrionique mais de «névrose hystérique ».
C’est au 19ème siècle que FREUD fit des études poussées sur la névrose hystérique. Il est bon de rappelé que ces personnes ne sont pas des simulatrices. Selon le courant psychanalytique, cette personnalité trouverait son origine dans les conflits inconscients. Selon FREUD, l’hystérique aurait subie une « séduction » de la part d’un adulte, le plus souvent le père. Cette séduction causerait un traumatisme pendant l’enfance qui ne prendrait effet qu’après coup, suite à un évènement mineur ; il y aurait alors déclaration de la symptomatologie. Autrement dit, la névrose hystérique traduirait la résolution pathologique d’une sexualité conflictuelle. Par rapport à la dépendance aux autres, la psychanalyse propose d’expliquer ce phénomène par une problématique de type orale : il s’agit de sujets immatures, inhibés, passif-dépendants, ne pouvant vivre que soutenu par un entourage maternel et protecteur.

La névrose hystérique est également appelée « névrose de conversion », le symptôme le plus prépondérant étant, pour le courant psychanalytique, les troubles de conversion faisant suite à la mise en place du mécanisme de défense de la conversion (la représentation inacceptable génératrice d’angoisse est transposée à une perturbation physique comportant une signification symbolique inconsciente).
 

Explication cognitivo-comportementale
 

Elle met l’accent sur le rôle des renfoncements éducatifs ayant eu lieu pendant l’enfance. les parents sont soupçonnés d’avoir systématiquement renforcé les réussites de leur enfant en fonction de critères esthétiques, les qualités intellectuels ou morales étant nettement moins valorisés. Par conséquent, le charme, la séduction deviennent les stratégies privilégiées de l’enfant pour répondre aux différentes sollicitations.
 

Prise en charge
 

A l’heure actuelle, une partie des praticiens s’accordent sur le fait qu’on doit restaurer l’estime de soi chez ces patients et restaurer un style cognitif qui soit avant tout basé sur une analyse rationnelle des situations plutôt que basé sur l’émotionnel ou l’affectif.

Le mode de traitement psychanalytique reste l’un des modes de traitement privilégié de la personnalité histrionique si on retient l’origine inconsciente de ce trouble.
 

Diagnostic différentiel
 

Il ne s’agit pas de simulation, les symptômes étant bien réels.

Il ne s’agit pas d’une maladie psychosomatique dans laquelle il y aurait des séquelles réelles.

Il est nécessaire de faire la différence avec une entrée dans la schizophrénie, notamment quand le patient a 20, 25 ans.

Il ne s’agit pas d’un simple état dépressif ; parfois, les symptômes dépressifs s’ajoutent à l’hystérie.

Ce n’est pas une hypochondrie.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité antisociale

Par Le 14/06/2017

Pour décrire cette personnalité, on utilise l’expression de « toxicomanie de l’agir ». selon Beck, « le psychopathe méprise les autres et les autres méprisent le psychopathe ».
 

Les critères du DSM IV
 

A. Mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui qui survient depuis l’âge de 15 ans, comme en témoignent au moins trois des manifestations suivantes :

  • incapacité de se conformer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l’indique la répétition de comportements passibles d’arrestation
  • tendance à tromper par profit ou par plaisir, indiquée par des mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou des escroqueries
  • impulsivité ou incapacité à planifier à l’avance
  • irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d’agressions
  • mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui
  • irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obligations financières
  • absence de remords, indiquée par le fait d’être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui

B. Age au moins égal à 18 ans

C. Manifestations d’un trouble des conduites débutant avant l’âge de 15 ans

D. Les comportements antisociaux ne surviennent pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie ou d’un épisode manique.
 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 2,1% à 3,4% de la population générale et est presque exclusivement masculin.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Le symptôme clé est l’impulsivité et l’intolérance aux frustrations. Les sujets sont décrits comme étant incapables de différer l’accomplissement de leur désir et son incapable d’anticiper les conséquences de leurs actions autant pour eux mêmes que pour les autres. Ils sont incapables de tenir compte des expériences passées et vont trouver comme solution à leur conflit le passage à l’acte plutôt que la mentalisation (élaboration psychique du conflit) ou la médiation avec le partenaire du conflit. Les passages à l’acte sont la voie privilégiée de la décharge pulsionnelle. L’impulsivité est la seule réponse possible face à la frustration.

La personnalité antisociale présente également des transgressions des lois et des règles sociales et morales fréquentes aux regard desquelles elle n’exprime ni honte, ni remords. Ces personnes vont au contraire se poser en victime de la société, rejettent volontiers la culpabilité sur les autres en les accusant de faire obstacle à la réalisation immédiate de leurs désirs.

On note la présence d’un comportement agressif verbal et/ou physique qui prend ses sources dans le mépris que ces personnes éprouvent pour les autres. Parfois, cette violence peut avoir une dimension perverse avec le plaisirs de faire mal.

Le patient présente une inaffectivité apparente, une absence de ressenti émotionnel, les sujets étant décrits comme égocentriques. Ils établissent des relations superficielles, souvent limitées à la recherche d’autosatisfaction immédiate et sont incapables d’empathie.

Enfin, ils sont caractérisés par une absence d’anxiété. ils ressentent une dysphorie et de l’ennui qui les amènent à des changements fréquents de milieu, à s’évader à travers la prise de drogues, d’alcool et à travers la recherche de sensation et de prise de risque.

L’ensemble de ces manifestations est présent depuis l’enfance de l’individu. ce comportement se manifeste durant l’enfance sous forme de colères fréquentes, d’oppositions précoces aux parents et d’une agressivité envers les autres enfants et les animaux. Ces perturbations se renforcent au moment de l’adolescence, sous la forme de bagarres multiples, du refus de toute discipline, d’actes délinquants, vols, agressions, sexualité précoce, toxicomanie, mais également de fugues. De manière plus générale, la scolarité, de qualité médiocre, est marquée par une grande instabilité malgré un niveau intellectuel normal. A l’âge adulte, cette instabilité se ressent en priorité dans le milieu professionnel.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les relations interpersonnelles sont de qualité médiocre.

Leur vie sentimentale et affective est souvent une suite d’aventures sans lien durable. Les émotions effraient les personnalités antisociales. En effet, elles redoutent les expressions d’amour et de tendresse qui sont pour eux synonymes de faiblesse. Ils ont tendance à refouler ou ignorer les émotions. Ils méprisent les autres et ne se soucient aucunement de leurs émotions. Il y a chez ces personnes un réel problème au niveau de la perception et de la reconnaissance des émotions.
 

Style cognitif
 

Les schémas cognitifs décrits chez les personnalités antisociales concernent l’affirmation de soi. Ces sujets ont généralement une image valorisée d’eux mêmes. Ils se décrivent comme forts, autonomes, conquérants et dominateurs. Ils se ventent de leurs exploits et s’enorgueillissent d’écraser les autres. Les autrui justement est considéré comme un simple outils qu’ils peuvent exploiter. Les autres sont vus comme des êtres vulnérables et exploitables.

Les pensées des personnalités antisociales sont du type :

  • Si je veux quelque chose, je l’obtiendrai par n’importe quel moyen »
  • Nous sommes dans la jungle et se sont les plus forts qui survivront »
  • Ce que pensent les autres de moi n’a guère d’importance »
  • Si les autres ne sont pas capables de se défendre, c’est leur problème ! »
     

Adaptation et évolution
 

Ces patients ne consultent que rarement et n’expriment pas de souffrance subjective. C’est le plus souvent sur la demande de la justice que ces personnes sont amenées à fréquenter les servies de psychiatrie.

Avec l’âge, on constate une diminution progressive de l’agressivité et de l’instabilité.

Ces individus sont fortement concernés par les comportements criminels. La question qui se pose est est-ce que la présence d’une personnalité antisociale peut prédire la survenue d’actes criminels ?

Des études longitudinales ont été réalisées en déterminant des comportements antisociaux chez des enfants de 5 ans et en les réévaluant 10 ans plus tard. Parmi ceux ayant un fort potentiel « agressif », seul 16% d’entre eux eurent des problèmes avec la justice à l’âge de 15 ans. Ces enfants étaient ceux possédant un niveau intellectuel faible. Selon les auteurs, avoir un niveau intellectuel élevé permettrait de se protéger et de ne pas développer un certains nombre de comportements antisociaux. Cependant, la présence d’un haut niveau intellectuel permettrait aux individus de ne pas se faire prendre après la réalisation d’un acte délictueux.
 

Hypothèses explicatives
 

Il existerait un certain nombre de facteurs prédisposants :

  • divorce des parents interprété comme une absence d’autorité parentale qui conduirait l’enfant, puis l’adolescent, à une impossibilité de se représenter un modèle d’identification stable.
  • Défaillance ou absence de la constitution su Surmoi qui rendrait compte des transgressions des règles morales et sociales
  • Existence de problèmes relationnels précoces qui auraient pour conséquence des carences affectives pour ces enfants.
  • Plus récemment, les modèles cognitifs et neuropsychologiques se sont intéressés aux comportements antisociaux et ont souligné deux déficits du traitement d’information : un déficit au niveau de la perception et de la reconnaissance des émotions et un déficit dans la perception et la reconnaissance des états mentaux chez autrui (intention, croyances…).

Les études familiales, réalisées sur des jumeaux montrent une part importante du facteur génétique. Néanmoins, ces facteurs ne prendraient leur importance qu’en présence de certains facteurs environnementaux.
 

Prise en charge
 

Elle est difficile à cause des caractéristiques de la pathologie. La plupart du temps, ces personnes ne se perçoivent pas comme ayant besoin d’un traitement psychologique. De plus, se sont des sujets très manipulateurs (y compris avec le thérapeute) ce qui rend les chances de réussite de la psychothérapie d’autant plus réduite.

La psychothérapie a pour but d’amener le patient à une réflexion sur lui même et sur les autres, de développer ses capacités d’empathie et d’analyse des situations interpersonnelles.
 

Le trouble de la personnalité sadique
 

Ce trouble de la personnalité avoisine celui de la personnalité antisociale, dont il partage sans doute certains éléments psychopathologiques.

Les critères de la personnalité sadique se rapportent pour la plupart à des comportements de violences et de cruauté accomplis dans les buts de dominer, d’humilier, ou de dégrader les autres. Le sujet, par définition, prend plaisir aux souffrances physiques et psychologiques des êtres vivants, animaux et humains. Il aime tenir les autres sous son emprise et restreindre leur autonomie, cela par la terreur, l’intimidation, l’interdiction. le sujet sadique ment facilement ; il est fasciné par la violence, les armes, les arts martiaux et la torture.

On peut concevoir que personnalité sadique et personnalité antisociale comportent des origines communes avec maltraitances et humiliations pendant l’enfance.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité schizotypique

Par Le 14/06/2017

Elle a été décrite pour la première fois par Rado en 1953. Les traits spécifiques de la personnalité schizotypique sont les croyances étranges et les perceptions inhabituelles.

Les critères du DSM IV
 

Les critères définis par le DSM IV sont :

A. Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

  • idées de référence (à l’exception des idées délirantes de référence)
  • croyances bizarres ou pensées magique qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un sous-groupe culturel (ex : superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un « sixième » sens : chez les enfants et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres)
  • perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles
  • pensée et langage bizarres (ex vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés)
  • idéation méfiante ou persécutoire
  • inadéquation ou pauvreté des affects
  • comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier
  • absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents du premier degré
  • anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes persécutoires plutôt qu’à un jugement négatif de soi même

B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement.
 

Données épidémiologiques
 

Ce trouble concerne 0,6% à 5,6% de la population générale. Ce taux peut aller jusqu’à 14,6% chez les patients apparentés au premier degrés à un sujet schizophrène.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

On a de plus en plus tendance à considérer que cette pathologie représente un symptome d’une pathologie schizophrénique avec des idées de référence, une bizarrerie du comportement et de la pensée accompagnée d’un isolement social. Le sujet se trouve fréquemment pris dans des phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation, ce qui l’amène le plus souvent à développer des croyance surnaturelles, croyances qu’ils tentent de faire partager aux autres (ex : capacité à communiquer avec les personnes disparues, à prédire l’avenir…). de manière plus marquée, ils peuvent penser développer des modes de communication extrasensorielles (télépathie). Ces personnes n’arrivent pas à savoir de quoi est fait la normalité.

Les expériences étranges peuvent s’imposer de façon forte, mais temporaires, tout en générant des croyances permanentes ; il s’agit alors d’un trouble schizotypique.

Si elle prennent un caractère chronique et retentissent de façon importante sur l’insertion sociale, le trouble est alors schizophrénique.

Le langage est marqué par les métaphores, les digressions et les détails inutiles.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Le sujet est vu comme excentrique et bizarre. Il se sent étranger à lui même et aux autres. Les comportements qu’il présente l’éloignent progressivement du monde social. Ses affects se développent en vase clos, c’est à dire au cours de dialogues imaginaires. Ils sont le plus souvent marqués par leur coté inadapté, l’expression émotionnelle pouvant se faire sous forme de colères irrationnelles, de rires inattendus ou inappropiés.
 

 

Style cognitif
 

Les personnalités schizotypiques sont marquées par des perceptions inhabituelles (irruption d’ambiance, sensation de déjà vu…). Ces sujets se connaissent et s’analysent mal (manquent d’introspection). ils se sentent particulièrement faibles et vides, et les autres paraissent lointains et incompréhensibles puis peuvent leur sembler soudain intrusifs. Ces patients présentent une crainte sensitive des autres.

Les pensées des personnalités schizotypiques sont du type :

« L’important, c’est ce que je sent et ce que je ne vois pas. »

« Il y a des raisons pour tout, rien n’arrive au hasard. »

« On ne peut pas se fier aux apparences. »
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est généralement mauvaise.

L’évolution se fait le plus souvent sur un mode chronique pour aller jusqu’au trouble schizophrénique proprement dit.
 

Hypothèses explicatives
 

Toutes les hypothèses citées pour ce trouble se rapportent à celles évoquées pour la schizophrénie.
 

Prise en charge
 

L’objectif de la prise en charge est d’apprendre au patient à mieux répondre aux sollicitations sociales, l’aider à nouer des relations amicales mais aussi à trier ses pensées et à faire la distinction entre la réalité et l’imaginaire.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité schizoïde

Par Le 14/06/2017

Bleuler par la de « schizoïde » pour décrire une tendance à l’introspection et à l’isolement, l’absence d’expression émotionnelle, l’association contradictoire d’émoussement affectif et d’hypersensibilité et la poursuite d’intérêts vagues ou mystérieux.
 

Les critères du DSM IV
 

A . Mode général de détachement par rapport aux relations sociales et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans les rapports avec autrui, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

  • le sujet ne recherche, ni n’apprécie, les relations proches y compris les relations intra-familiales
  • choisit presque toujours des activités solitaires
  • n’a que peut ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles avec d’autres personnes
  • n’éprouve du plaisir que dans de rares activités, sinon dans aucune
  • n’a pas d’amis proches ou de confidents, en dehors de ses parents du premier degré
  • semble indifférent aux éloges ou à la critique d’autrui
  • fait preuve de froideur, de détachement, ou d’émoussement de l’affectivité

B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une Schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement et n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une affection médicale générale.

Il existe un continuum avec les personnalités évitantes dont la personnalité schizoïde partage le retrait social et les personnalités schizotipiques dont le schizoïde partage la bizarrerie.
 

Données épidémiologiques
 

1 à 16% de la population générale présenterait une personnalité schizoïde. Cette variabilité reflète les difficulté à établir une définition clinique claire de ce trouble. Il est probablement surestimé. En effet, il existe une difficulté à établir une frontière entre la personnalité schizoïde et les troubles schizophréniques. Ce trouble serait plus élevé chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Il y a trois symptômes essentiels :

  • l’apparence pauvre : pauvreté des contacts, repli sur soi, solitude très marquée (préférence pour la solitude), difficultés de lier des contacts sociaux. Les sujets sont décrits comme solitaires, froids, distants, avec une bizarrerie relationnelle, tournés sur eux-mêmes et relativement inaccessibles.
  • Pauvreté de l’affectivité : la personnalité schizoïde est décrite comme flegmatique, semble déconnectée de son environnement social sans pour autant être considérée comme marginale ou anticonformiste.
  • Pauvreté de l’expression émotionnelle : ces individus sont caractérisés par une froideur émotionnelle qui dissimule le plus souvent une affectivité ambivalente et hyper-esthésique. Les sujets sont tout autant incapables de ressentir de la colère ou de la tendresse. Ils sont indifférents aux éloges et à la critique. On observe une richesse de la vie imaginaire qui contraste avec cette pauvreté apparente.
     

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Les personnalités schizoïdes présentent une grande incapacité à percevoir et à prendre en compte les sentiments des autres, une grande difficultés d’adaptation au cours des échanges interpersonnels.

L’humeur est monotone, marquée par un sang froid et une insensibilité permanente. Ils entretiennent des contacts distants par peur de l’envahissement. Les autres sont en effet perçus comme intrusifs, sans gène et chercheraient à exercer leur emprise. Cette perpétuelle indifférence peut, en fait, masquer une réelle souffrance, qu’il s’agisse d’un état de tension consécutif à l’obligation de contacts sociaux ou d’une humeur dépressive liée à la prise de conscience d’une singularité qui discorde avec leurs aspirations conformistes.
 

 

Style cognitif
 

Ils sont aussi avares de leurs émotions que de leurs pensées. Ils ont une forte tendance à la méditation mais aussi aux pensées abstraites voir hermétiques (non accessibles à autrui).

La perception qu’ils ont d’eux même est souvent guidée par le sentiment d’être des individus à part, ce qui les conduit à se détacher des autres. On retrouve des pensées du type :

  • je suis à part
  • je suis seul
  • à quoi bon ?
  • la vie serait moins compliquée sans les autres
  • les gens sont source de problèmes
  • je me sent vide

Ils adhèrent à des croyances mystiques ou métaphysiques bizarres.
 

Adaptation et évolution
 

L’adaptation est mauvaise sur le plan socio-professionnel et familial. Ils vont facilement se trouver isolés.

Concernant l’évolution des personnalités schizoïdes, certains auteurs rapproche cette personnalité des troubles schizophréniques. Certains considèrent en effet que la personnalité schizoïde est l’une des personnalité pré-morbides de la schizophrénie.
 

Hypothèses explicatives
 

Elles sont rares concernant la personnalité schizoïde. On peut considérer la même origine que pour la schizophrénie. Cependant, des études montrent que de nombreux schizophrènes n’avaient pas ce type de personnalité auparavant.
 

Prise en charge
 

Il est rare que le patient cherche de lui même un traitement car il ne semble pas souffrir de son état. En général, se sont les autres qui s’inquiètent du fonctionnement de l’individu.

L’objectif de la prise en charge est de réduire l’isolement social, d’apprendre au patient à développer ses compétences sociales, à élargir sa palette émotionnelle et de l’aider à mieux décoder les émotions (les leurs et celles des autres). Il existe une grande difficulté à maintenir une relation thérapeutique avec ces patients.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité paranoïaque

Par Le 14/06/2017

Le terme paranoïa est un mot grec signifiant folie, dérèglement de l’esprit.

Dans la psychiatrie allemande du XIXème siècle, le terme paranoïa englobait l’ensemble des délires. Il a vu son sens se préciser et son champ se limiter au XXème sous l’influence de Kraepelin.


Dans sa période pré-Kraepelinienne, Freud considérait la paranoïa comme une identité très large qui regroupait la plupart des formes de délires chroniques. A partir de 1911, il adopte la grande distinction de Kraepelin entre paranoïa et démence précoce. Freud ainsi que Kraepelin englobe sous le terme paranoïa l’ensemble des délires systématisés comme le délire de persécution mais également l’érotomanie, le délire de jalousie et le délire de grandeur.
 

Les critères du DSM IV

A. Méfiance soupçonneuse, envahissante envers les autres, dont les intentions sont interprétées de manière malveillante, qui apparait au début de l'âge adulte et est présente dans divers contextes, comme en témoignentt au moins 4 des 7 manifestations suivantes :

- le sujet s’attend sans raison suffisante à ce que les autres l’exploitent, lui nuisent ou le trompent.

- Il est préoccupé par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis ou associés

- Le sujet est retissant à se confier à autrui car il craint de façon injustifiée que l’information soit utilisée de manière perfide contre lui

- Le sujet discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans des commentaires ou des événements anodins

- Il garde rancune, c'est à dire qu'il ne pardonne pas d’être blessé, insulté ou dédaigné

- Il perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation auxquelles il va réagir par la contre attaque ou la colère

- Il met en doute de façon répétée et sans justification la fidélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel

B. Ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques ou d'un autre trouble psychotique et n'est pas dû aux effets psychologiques directs d'une affection médicale générale.
 

Données épidémiologiques

On estime ce trouble à 0,4 % à 3,3 % de la population. Il est deux fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme. Il est plus fréquent chez les proches de patients schizophrènes.
 

Caractéristiques psychopathologiques

Le comportement majeur du paranoïaque est la défense avec promptitude à l’attaque, attitude qui est sous-tendue par un sentiment de méfiance qui se développe généralement dans tous les domaines de la vie du sujet. La personnalité paranoïaque va tout autant se méfier de celui qu’elle considère comme plus puissant qu’elle, qui le menace, que de celui qu’elle considère comme plus médiocre, plus petit et qu’elle méprise généralement. Il y a trois traits caractéristiques de la personnalité paranoïaque :

  • l’hypertrophie du Moi

Existence d’une surestimation de soi même qui s’exprime par un autoritarisme prononcé. Les sujets sont alors décrits comme égocentriques, orgueilleux, toujours sur de leur bon droit et de leur opinion qu’ils veulent imposer aux autres. Ils pensent posséder des talents inhabituels et être capables de grandes réalisations. En dépit de la modestie des résultats, ces personnes ne remettent pas en cause leurs potentialités irréalistes qu'elles estiments entravées par autrui. Ces individus sont décrits comme peu affectifs, ils mettent d’ailleurs eux mêmes un point d’honneur à se décrire comme objectifs, froids et rationnels.

L’hypertrophie du Moi est une attitude réactionnelle contre une constante mise en question, qui est interne et externe.

  • La fausseté du jugement

elle explique que l’on trouve souvent chez les paranoïaques une absence d’autocritique. leur raisonnement se veut être logique, mais leurs idées s’appuient en réalité sur des à priori subjectifs qui les conduisent à ne pas tenir compte du contexte général de la situation et des arguments d’autrui. les augments positifs ou négatifs avancés par les autres sont généralement rejetés ce qui conduit les psychopathologues à parler de psychorigidité de la pensée.

  • Méfiance et susceptibilité

la personnalité paranoïaque vit dans l’attente d’être trompée ce qui explique pourquoi elle se sent facilement dédaignée, rejetée, non évaluée à sa juste valeur et pourquoi elle se froisse rapidement (ce qui est le signe de sa grande susceptibilité).

Affirmation de soi, remise en question de l’intérieur, projection, méfiance et psychorigidité avec rétention des affects définissent la personnalité paranoïaque.
 

au sein des personnalités paranoïaques, on distingue ce que l'on appelle les personnalité de combat et les personnalités de souhait.

  • chez les personnalités de combat, l'aspect opiniâtre, fanatique et querelleur domine, la surestimation de soi et la méfiance étant des traits secondaires
  • chez les personnailtés paranoïaques de souhait, l'idéal et la réalité coïncident. Ce sont des originaux avec peu de contact avec le monde. Ils défendent un idéal mais sans que cela devienne une cause personnelle et sans se battre.
     

Relations interpersonnelles et expression affective

Les relations interpersonnelles sont très difficiles pour le patient et pour l’entourage étant données les caractéristiques de la personnalité paranoïaque. Les autres vont modifier leur comportement face au patient ; ils vont lui dire le moins de chose possible afin qu’il est moins d’élément à interpréter de manière malveillante. Cette attitude de protection ne va que renforcer la conviction du paranoïaque qu’on lui cache des choses, donc qu’on lui en veut. Exclu ou s’excluant, ils se retrouvent souvent isolés. Les conflits avec les autorités sont fréquents.

La méfiance et le soupçon amènent le paranoïaque à supposer qu’au delà de l’apparence première, il existe une autre réalité, menaçante, mauvaise, le conduisant à une investigation obstinée et pointilleuse. Le moindre détail suspect est grossi et généralisé (distorsion cognitive de la surgénéralisation et de l’abstraction sélective).

Le paranoïaque a des difficultés à gérer l’ambiguïté, qui est en fait à l’intérieur de lui même et qu’il projette à l’extérieur.

La personnalité paranoïaque cache ses réactions émotionnelles car elles sont pour elle le signe d’une faiblesse qui pourrait être utilisée contre elle. Elle va éviter toute situation qui l’amènerait à se trouver vers les autres et à leur faire confiance. Il cache ses émotions, ne se confie pas et ne se laisse pas aller. Il redoute l’expression affective, par conséquence la sexualité, l’amour et la création artistique.

Style cognitif

Il se caractérise par un état de vigilance extrême, tourné vers le dehors (le sujet va être à l’afus des informations). Ils sont décrits comme manquant d’introspection, c’est à dire une incapacité à se remettre en cause et à questionner leur propre fonctionnement.

Les schémas cognitifs qui gouvernent l’attitude paranoïaque sont de la forme :

- il faut être sur ses gardes

- on ne peut pas faire confiance aux gens

- je ne dois pas me laisser faire

- si les gens agissent de manière aimable, ils peuvent être en train de vous exploiter

- si on arrive à connaître des choses sur moi, on s’en servira contre moi

Il se génère un univers instable en perpétuelle recomposition, provoquant des remise en question constante de l’extérieur : « si les choses étaient autrement qu’elles paraissent. »
 

Adaptation et évolution

L’adaptation socioprofessionnelle peut être satisfaisante mais elle est régulièrement ponctuée de difficultés professionnelles qui concernent le plus souvent des conflits avec des collègues, et surtout avec les supérieurs hiérarchiques.

L’adaptation familiale pose régulièrement des problèmes étant donné le contexte d’autoritarisme, de méfiance et de susceptibilité.

Les deux plus fréquentes évolutions sont :

- la survenue d’un épisode dépressif majeur à forte connotation de persécution

- un délire chronique paranoïaque. Certains auteurs pensent que la personnalité paranoïaque constitue un facteur de prédisposition à la survenue d’un délire paranoïaque. En effet, selon certains auteurs, le personnalité paranoïaque représenterait un terrain sur lequel peut se développer le délire, mais toutes les personnalités paranoïaques ne sont pas amenées à délirer un jour.

La majorité des personnalités paranoïaques gardent cette personnalité.
 

Hypothèses explicatives

Hypothèse à orientation psychodynamique

Freud a travaillé sur la Paranoïa et a interprété le « caractère paranoïaque » comme un système de défense, comme une homosexualité latente. Il a interprété le sentiment de persécution comme des projections sur les autres de désirs inacceptables pour le Moi du sujet.

D’autres hypothèses mettent l’accent sur l’existence d’un traumatisme infantile qui aurait engendré pour le sujet une déception profonde quant à la réalité sociale et familiale. Durand leur enfance, ces individus auraient subi des carences affectives, des humiliations engendrant chez eux une forte culpabilité qu’ils vont avoir tendance à reporter vers l’extérieur. Cela expliquerait que la personnalité paranoïaque n’attend des autres que de l’agressivité et qu’elle se tienne en permanence sur ses gardes.

Selon Colby (1981), l’attitude paranoïaque serait destinée à éviter la honte et l’humiliation qui auraient été subies à une période précoce de l’existence. Dans le même axe, le modèle de Cameron (1974) postule que dans des circonstances de carence affective, d’humiliation, de mauvais traitements, le sujet a cessé de croire en l’amour. il n’attend plus des autres que de l’agressivité.

Une autre hypothèse psychodynamique met l’accent sur le rôle des parents. Le futur paranoïaque aurait été surinvesti par ses parents qui l’ont considéré comme un être exceptionnel. L’enfant aurait intégré cette vision ce qui l’a conduit à développer une attitude dominatrice engendrant des difficultés sociales et le rejet de la part des autres. Une identification massive à un père puissant peut jouer le même röle; à partir d'une telle vision de lui même, le sujet développe une attitude altière et dominatrice.

Des événements culturels et sociaux ont été mentionné pour erndre compte du développement de cette personnalité. On aurait plus de chance de développer une paranoïa dès lors que l’on appartient à une minorité (ethnique, sociale…).
 

Hypothèse biologique

La seule donnée concerne la parenté avec un parent schizophrène ou ayant des troubles dysthymiques. Il existe également une comorbidité fréquente avec les troubles paniques et l’alcoolisme.
 

Prise en charge

Ce sont des patients que l’on voit rarement en psychiatrie car ce trouble n’est pas très fréquent et que les patients ne pensent pas être malades. Ils sont donc rarement demandeurs de prise en charge.

Objectif thérapeutique

Il est indispensable d’apprendre à lutter contre ce sentiment d’insécurité permanent qui envahit la personne paranoïaque. Il faut lui apprendre à se mettre à la place des autres, éprouver de l’empathie et à interpréter moins négativement les comportements d’autrui, à ne pas systématiquement percevoir des intentions malveillantes dans le comportement des autres. Pour le sentiment d’infériorité sous-jacent, il peut être intéressant d’utiliser les mêmes techniques que pour lutter contre la dépression comme le tableau de Beck.
 

Sources

Vocabulaire de la psychanalyse. J. Laplanche; J.B. Pontalis

Les personnalités pathologiques - Approche cognitive et thérapeutique. Q. Debray. D.Nollet

Psychiatrie de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte. I. Gasman. J.F. Allilaire

Traité de psychiatrie. M. Gelder. R. Mayou. P. Cowen

Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Généralités sur les personnalités pathologiques

Par Le 14/06/2017

Quelques définitions de personnalité, caractère, tempérament avant d'aborder la personnalité pathologique

Définitions...

Avant d’aborder les personnalités pathologiques, il semble nécessaire de s’arrêter un temps sur la définition même de la personnalité. En effet, déjà pendant l’Antiquité, l’homme avait conscience qui était porteur de certaines régularités psychologiques. Leur description a varié selon les époques en s’attachant soit à l’intelligence, au physique, au comportement ou encore aux sentiments. Il existe un ensemble de termes variés qui définissent ses régularités psychologiques :

  • le caractère désigne les aspects invariants du comportement. Ce sont les manières, les façons de réagir, les attitudes qui sont propres à un individu et qui permettent de le distinguer des autres. Aujourd’hui , par extension, le caractère englobe également les régularités affectives et de l’humeur d’un sujet. Widlöcher et Basquin définissent le caractère comme « l’ensemble des traits gravés observables qui, chez un individu ou dans un groupe, définissent une manière habituelle de se comporter dans un certain type de situation ou vis-à-vis de certains objets ».
  • Le tempérament fait référence aux correspondances physiques du caractère. Galien au 2ème siècle décrivait quatre tempéraments : le sanguin, le colérique, le mélancolique et le lymphatique. Millon et Davis (1996) définissent le tempérament comme "la disposition constitutionnelle d'un individu par rapport à l'activité et l'émotivité".
  • La personnalité reste difficile à définir. En effet, ce terme a changé plusieurs fois de définition. Ce mot provient du latin "persona" qui désigne le masque de théâtre. C’est la façon dont on se montre, le personnage social que l’on réalise, l’apparence externe, tournée vers les autres. Sous l’influence du christianisme, la personnalité pris un sens inverse, tourné vers l’intérieur. il désigne dans ce cadre l’unicité de l’individu centré sur son âme. Enfin, avec l’avènement de la psychologie, la personnalité fut décrite comme la somme des différentes facultés d’un individu.

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La personnalité renvoit à un système stable et répétitif; Piaget parlait de programme d'éxistence pour désigner la personnalité. Elle désigne l'intégration stable et individualisée d'un ensemble d'émotions, de cognitions et de comportements. Elle correspond aux modes de réactions (à l'environnement) émotives, cognitives et comportementales qui caractérisent chaque individu.

  • Le terme type désigne un modèle ou une forme qui se reproduit de façon identique à plusieurs exemplaires.

  •  

Qu'est ce qu'une personnalité pathologique?

Les personnalités pathologiques regroupent des entités pathologiques stables et durables tout au long de la vie d’un individu. Elles sont habituellement repérables dès la fin de l’adolescence ( au début de l’âge adulte). Le diagnostic de trouble de la personnalité doit se faire généralement en dehors de la présence d’un trouble mental avéré qui peut transitoirement altérer le fonctionnement de la personne.

L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit les troubles de la personnalité comme "des patterns comportementaux profondément implantés ou stables qui se manifestent comme des réponses rigides à une grande variété de situations sociales et personnelles. Ils représentent une déviation extrême ou importante par rapport à la manière dont l'individu moyen dans une culture donnée perçoit, pense, sent et, en particulier, établit des relations avec les autres. Un tel pattern comportemental tend à être stable et à inclure de nombreux domaines de fonctionnement comportemental et psychologique. Ils sont fréquemment, mais pas toujours, associés à des degrés divers de detresse subjective et à des problèmes dans le fonctionnement social."

41VDMEF8JGL__SY445_.jpgDans leur ouvrage "Comment gérer les personnalités difficiles", Lelord et André expliquent "Une personnalité devient difficile quand certains traits de son caractère sont trop marqués ou trop figés, inadaptés aux situations et qu'ils entrainent souffrance pour soi-même ou pour autrui (ou pour les deux). Cette souffrance est un bon critère pour porter le diagnostic de personnalité difficile".

L’épidémiologie des troubles de la personnalité a été très étudiée dans certaines personnalités pathologiques et très peu dans d’autres. on assiste souvent à une grande variabilité statistique qui est surtout due aux outils utilisés pour poser le diagnostic de personnalité pathologique. On estime à l’heure actuelle que les troubles de la personnalité touchent 2,7 % à 3,5 % de la population générale. On observe une augmentation de la prévalence de ces troubles dans des groupes pathologiques puisqu’on estime que, pour les déprimés, 33 % à 62 % d’entre eux présentent une personnalité pathologique ; ces estimations sont de 27 % à 56 % pour les patients anxieux.

 


 

Critères diagnostics du DSM pour les troubles de la personnalité

A. Les troubles de la personnalité constituent une modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévient notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu. cette déviation doit se manifester dans au moins deux des quatre domaines suivant :

  • pla cognition : perception, vision de soi même, des autres et des événements
  • l’affectivité : la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation des réponses émotionnelles
  • le fonctionnement interpersonnel
  • le contrôle des impulsions

B. ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses.

C. Ce mode durable entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

E. Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences d’un autre trouble mental.

F. Ce mode durable n’est pas dû aux effets physiologiques d’une substance ou d’une affection médicale générale (par exemple un traumatisme crânien).
 

Hypothèses explicatives

A l’heure actuelle, aucune hypothèse étiologique définitive ne peut être retenue pour expliquer l’apparition d’un trouble de la personnalité. Ce sont des traits de personnalité qui s’installent progressivement chez un individu tout au long de son développement et s’organisent en personnalité pathologique à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
 

Prises en charge

Etablir le diagnostic de trouble de la personnalité

Au cours des premiers entretiens, certains indices cliniques doivent faire penser que l'on est en présence d'un trouble de la personnalité à savoir:

  • le patient et/ou son entourage se plaignent de réactions comportementales chroniques, excessives, inadaptées à la situation
  • le patient a déjà essayé de nombreuses thérapies auparavant (généralement sans succès, elles seront d'ailleurs souvent critiquées par ce même patient)
  • le patient souffre d'un manque de références internes adaptées
  • le monitorage de soi est pauvre et médiocre
  • le monitorage des autres est déféctueux
  • la thérapie est caractérisée par des séries de crises
  • il existe une non compliance thérapeutique
  • les comportements sont rigides et compulsifs
  • le patient critique la thérapie, le fait de ne pas observer de changement
  • les croyances sont rigides et la perception des évènements est massivement baisée avec des difficultés à en avoir une autre lecture que la sienne propre
     
Durant la thérapie

Les prises en charge sont souvent délicates et les résultats peu spectaculaires. En effet, souvent, le sujet ne ressent pas immédiatement une souffrance et n’est donc pas motivé à consulter. C’est souvent à la demande de son entourage qu’il le fait. Le fonctionnement de la personnalité pathologique est souvent rigide et peu accessible aux modalités de prise en charge. Il n’y a pas de véritable symptôme sur lequel travailler. La thérapie doit viser à aménager les défenses de l’individu pour les rendre plus souples, moins rigides. Elle doit également travailler sur les différents modes relationnels que le sujet entretien avec les autres, et aussi aborder les représentations cognitives que le sujet possède, non seulement de son fonctionnement mais également de celui des autres. Dans certains cas, la thérapie doit permettre au sujet d’avoir plus d’autonomie, de confiance en lui même et de devenir moins dépendant d’autrui.

Au cours des différentes séances, on constatera:

  • une très grande difficulté chez le patient à rapporter ses sentiments et ses émotions
  • Les patients se montrent incapables de repérer les images mentales ou d'accéder aux pensées automatiques
  • Ils attribuent assez peu ce qui leur arrive comme un phénomène interne; la cause rapportée est généralement externe d'où des difficultés de remise en question
  • Difficultés à cibler une problématique. Le patient décrit de façon vague son problème, il parlera de malaise général.
  • Il peut y avoir une dépendance au thérapeute.
  • Le patient manifeste un sentiement d'impuissance avec l'impression que les choses ne peuvent pas changer.
  • Le noyau du problème est souvent centré sur les relations interpersonnelles
  • Le travail collaboratif est pratiquement impossible
  • Le patient aura une compréhension intellectuel du problème mais ses sentiments, ses croyances et ses comportements restent inchangés.
     

Les différentes personnalités pathologiques selon le DSM IV TR

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité vue à travers différents courants psychologiques

Par Le 14/06/2017

Nous aborderons diverses conceptions de la personnalité à travers la théorie psychanalytique, comportementaliste et ethnologiste.

1.La théorie psychanalytique
 

Il existe autant de définitions de la personnalité que de théories psychologiques. Cependant, elles ‘accordent toutes sur un certain nombre de notions mêmes si elles leur donnent des interprétations différentes.

D’une manière générale, il s’agit d’un concept global qui procède certain caractères de permanence. Elle évolue avec l’âge jusqu’à la fin de la vie. La personnalité se forge au fur et à mesure des évènements de vie rencontrés (elle est par là différente du tempérament). Elle correspond à l’organisation affective du sujet, l’affectivité déterminant le plus les actions.

Pour certain, la personnalité est structurée, organisée. Du point de vue structural, elle signifie que chacun a des éléments de personnalité qui ne prennent leur valeur que par rapport aux autres. Du point de vue associationniste, ces éléments sont juxtaposés les uns aux autres et restent relativement indépendants. La personnalité est dynamique : les éléments qui la constituent sont soumis à des forces dues à des stimulations d’origine interne et/ou externe. Ces éléments interagissent entre eux.
 

1.1.Structure de la personnalité
 

Freud a qualifié l’étude de la personnalité comme étant « structurale ». Il parle en termes de « topiques » (mot venant du latin « topos » qui signifie « lieu »). Il a proposé deux modèles de structure de la personnalité :

  • En 1900 : la première topique
  • En 1920 : la deuxième topique
     

Dans la première topique, Freud distingue dans la personnalité l’inconscient, le préconscient et le conscient. Dans la deuxième topique, il distingue trois instances : le ça, le moi et le surmoi.

Le ça constitue le réservoir des dispositions héréditaires et de l’énergie pulsionnelle. Le surmoi se constitue par l’intériorisation de tout ce que l’éducation apporte à l’enfant (les interdits, les valeurs morales et leur hiérarchie). Le moi est une instance médiatrice qui harmonise les influences opposées du ça et du surmoi et qui adapte la personnalité à la réalité extérieure.

Ces deux topiques sont complémentaires, l’une n’excluant pas l’autre.
 

1.2.Dynamique de la personnalité
 

Qu’il s’agisse de la première ou de la deuxième topique, les lieux psychiques qui constituent la personnalité ne sont pas juxtaposés et neutres les uns par rapport aux autres. Ils sont le siège de forces qui s’affrontent. Les instances s’opposent entre elles ce qui peut entrainer l’apparition de conflits psychiques. Ces fonctionnements en perpétuelles tensions représentent la dynamique de la personnalité.
 

1.3.Economie de la personnalité
 

Il existe des équilibres, des échanges, des augmentations, des circulations, des écoulements d’énergie quantifiables. Ce sont des mécanismes que Freud qualifie « d’économiques » ; par exemple, la femme enceinte à plus facilement accès à son inconscient parce qu’il y a une plus grande souplesse dans les mécanismes de défense.
 

1.4.Développement de la personnalité
 

Les développements de la structure et de la dynamique de la personnalité sont étudiés conjointement parce qu’ils sont liés. L’inconscient comporterait selon Freud un refoulé originaire, une sorte de contenu phylogénétiques acquis et qui s’enrichirait au fur et à mesure des expériences de l’enfant, des représentations fortement chargées en énergies pulsionnelles qui se « condensent » entre elles et qui, ensuite, attirent des représentations refoulées tout au long de la vie.

Selon Freud, les trois instances, le ça, le moi et le surmoi, existeraient dès l’origine. Le moi et surtout le surmoi ne se constituent et ne se différencient que progressivement en fonction de tout ce que l’enfant rencontre dans la réalité extérieure. Le développement de l’économie de la personnalité se fait selon une évolution appelée « libidinale » qui comporte des stades de développement de la personnalité.
 

1.5.Sexualité en psychanalyse
 

Ce terme n’a pas la même signification en psychanalyse que dans le vocabulaire collectif. En référence à Laplanche et Pontalis, la sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui dépend du fonctionnement de l’appareil génital, mais toute une série d’excitations et d’activités présentes dès l’enfance et qui procurent un plaisir irréductible par l’assouvissement d’un besoin physiologique fondamental (respiration, faim, fonction d’excrétion…).

Une pulsion désigne un processus dynamique qui consiste en une poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. Selon Freud, une pulsion prend sa source dans une excitation corporelle créant un état de tension. Son but sera alors de supprimer cette tension, cette suppression faisant appel à un objet. La pulsion, pendant la constitution de l’objet libidinal, s’élabore en pulsions partielles ; elles fonctionnent dans un premier temps de manière indépendant puis elles tendent à s’unir dans les différentes organisations libidinales.
 

2.Les théories de l’apprentissage
 

Sous ce terme sont rassemblées des théories qui ont en commun :

  • De dire que le mécanisme essentiel du développement et du fonctionnement de la personnalité est la réaction à des stimulations
  • D’admettre une approche objective de la personnalité, c'est-à-dire l’étude de ses réactions observables en en prenant pas en compte l’étude du vécu du sujet

Ces théories renvoient à celles de Pavlov (la réflexologie), de Watson (béhaviorisme), à toutes les théories du conditionnement, comportementalistes.
 

L’apprentissage est défini comme la modification adaptative du comportement au cours d’épreuves répétées. Le terme « modification » implique le changement, « adaptative » implique un ajustement à l’environnement. Les épreuves répétées vont entretenir l’apprentissage et le conditionnement.

Dans ces théories, l’objet d’étude n’est pas les effets de l’apprentissage sur les idées, les sentiments, les émotions mais uniquement ses effets sur les modalités d’action observables.
 

2.1.Structure de la personnalité
 

La notion centrale des théories de l’apprentissage est que la personnalité est faite d’éléments simples, des stimulus-réponse qui sont associés. Pour exemple, Skinner a étudiée la relation existante entre stimulus et réponse ; Watson a étudié le stimulus et la réponse mais pas la relation qu’ils entretiennent. Ces deux éléments sont associés par simple contigüité ou par une relation hiérarchisée de façon plus ou moins complexe. Ils ont une certaine stabilité ce traduisant dans le comportement par des habitudes.
 

2.2.La dynamique de la personnalité
 

Les modèles du fonctionnement de la personnalité s’inspirent des lois de la physique et surtout de la mécanique avec des notions de continuité dans le temps et dans l’espace, avec l’idée de forces qui s’opposent et qui s’attirent.

Dans les théories de l’apprentissage, la dynamique de la personnalité est expliquée par un mécanisme unique qui est le conditionnement.
 

Lois communes à tous les conditionnements :

Il s’agit d’un mode de réaction stable. Certain ont tendance à disparaitre d’où la nécessité de renforcer les conditionnements avec :

  • Des renforcements positifs : les récompenses (les bon-points à l’école par exemple)
  • Des renforcements négatifs : les punitions

Les renforcements jouent un rôle dans l’entretien des conditionnements.
 

2.3.Economie de la personnalité
 

Ces conditionnements ne sont possibles que parce qu’il y a des êtres vivants qui cherchent le plaisir et cherchent à éviter le déplaisir. On retrouve ici le principe de plaisir de Freud. L’activité de tout être vivant n’est pas limitée à sa réaction face à un stimulus ; il y a en eux une force spontanée qui est le moteur du comportement. Les théoriciens de l’apprentissage utilisent le concept de « tendance » (tendance primaire de la soif par exemple) plutôt que celui d’énergie.
 

2.4.Développement de la personnalité
 

Les théories de l’apprentissage donnent une large place à l’apprentissage dans la mesure où elles interprètent la plupart des changements psychiques comme la conséquence de la mise en place d’un mécanisme de conditionnement. Ces théories sont utilisées pour expliquer la genèse des troubles mentaux et pour élaborer des modèles thérapeutiques (thérapies comportementales).
 

3.Les théories culturalistes
 

Les théories culturalistes adoptent un point de vue différent par rapport aux théories précédentes ; elles ne s’intéressent pas aux mécanismes généraux communs à tous les êtres vivants mais à ce qui peut entrainer des différences entre eux. Elles limitent leur étude à la culture et a son influence sur la personnalité.
 

3.1.L’ethnopsychiatrie
 

L’ethnopsychiatrie réserve une part égale à la dimension culturelle des désordres psychiques, de sa prise en compte et de l’analyse des fonctionnements psychiques.
 

3.2.L’ethnopsychiatrie d’inspiration psychanalytique : MORO
 

Moro a beaucoup travaillé avec des mères migrantes avec leur bébé. Sa théorie repose sur l’analyse de leur culture d’appartenance, sur leurs représentations culturelles.
 

Devereux (1930) fut le pionnier en France d’une psychiatrie métaculturelle fondée sur la culture en soi. Il postule l’universalité des lois du fonctionnement psychique tout en tenant compte de sa dimension culturelle, sans isoler un particularisme à chaque culture. Cette pratique s’inspire du modèle psychanalytique classique, de l’ethnologie, des sciences cognitives et systémiques.
 

Nathan en 1970 a mis l’accent sur les particularités culturelles de chaque ethnie. Il propose des cures directement inspirées des traditions, des croyances et des mythes.
 

Pour Moro et Nathan, le travail sur les mécanismes psychiques internes ne suffit pas pour instaurer des soins suffisants aux enfants ayant des parents immigrants. Il faut utiliser les ressources de leur culture d’origine et les importer dans leur culture d’accueil afin d’éviter tout risque d’acculturation. Le dispositif se présente sous la forme d’une réunion de plusieurs thérapeutes avec l’enfant et sa famille. La dynamique en jeu doit rétablir le patient dans sa culture pour le guérir.
 

Lebouici ne partage pas cette politique selon laquelle l’affiliation (l’appartenance culturelle) précède la filiation (l’appartenance familiale). Il s’oppose à cette proéminence accordée au système culturel au détriment de l’histoire personnelle.
 

3.3.L’anthropologie culturelle
 

Le culturalisme est également appelé anthropologie culturelle. Une étude sociologique américaine s’est attaché à décrire les cultures en les considérant chacune comme étant spécifique, non comparables les unes aux autres mais de même valeur. Elle vise à étudier l’impact de la culture sur les individus. L’emprunte commune à tous les membres d’un groupe est appelée « personnalité de base ». Kardiner l’a définie comme la personnalité type qui est rencontrée chez tous les membres d’un groupe et qui est la plus adaptée à une culture donnée. C’est une sorte « d’assise psychique » commune à tous sur laquelle se greffent les traits individuels. Il y a une influence de la culture sur le développement de la personnalité : elle impose une pression sur les individus en leur assurant une socialisation. Cela permet à l’individu de s’identifier aux autres membres du groupe et de se faire accepter par eux.
 

Cette approche culturaliste est très utilisée en psychopathologie. On l’appelle aussi psychiatrie culturelle ou transculturelle ; elle vise l’étude des différences entre les troubles mentaux selon les cultures.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les troubles de l'expression

Par Le 13/06/2017

Les troubles de l'expression concernent la tenue vestimentaire ainsi que la mimique et les expressions faciales.

La tenue vestimentaire
 

Certains patients portent des tenues vestimentaires étonnantes, surprenantes ou bizarres dans la mesure où elles contrastent avec leur âge, leur sexe ou leur statut social. Le relevé sémiologique concernant la tenue vestimentaire ne consiste en aucun cas à porter un jugement de valeur conformiste par rapport à la fantaisie vestimentaire de la mode. Les observations sémiologiques concernent les contrastes, les incohérences, les contradictions, les décalages importants et non les originalités esthétisantes et individualisantes.
 

La mimique et les expressions faciales
 

La mimique est l’ensemble des expression du visage et des expressions du regard. La mimique traduit l’état affectif dans lequel nous sommes. Elle vient appuyer les paroles et les pensées.
 

Les hypermimies
 

Il s’agit d’expressions faciales exagérées. Elles peuvent être généralisées ou polarisées.

Les hypermimies généralisées concernent tous les muscles de la face. Le regard est anormalement mobile, il ne fixe pas, est sans cesse aux aguets (exemple de l’expression d’euphorie chez le maniaque).

Les hypermimies polarisées expriment un seul thème affectif comme âpr exemple l’angoisse (exemple de l’expression de la passion chez le paranoïaque revendicateur).
 

Les hypomimies
 

Elles sont également appelées paucimimies, le préfixe pauci- signifiant peu nombreux. Elles sont caractérisées par la rareté du mouvement du visage et du regard.
 

Les amimies
 

Elles sont caractérisées par l’immobilité complète du visage. Le regard est fixe, vague, vide ou accaparé par un objet (exemple de l’expression de souffrance, de douleur morale et d’inhibition chez le mélancolique).
 

Les dysmimies
 

Une dysmimie signe une discordance, une dissonance, un hiatus, une contradiction, une fausse note entre l’expression faciale et affective. On parle de paramimies ou de mimiques discordantes lorsque l’expression physionomique est en contradiction avec l’expression verbal ou le vécu actuel du sujet.

On parle de mimique d’emprunt lorsqu’il y a la reproduction en miroir des mouvements de l’interlocuteur.
 

L’hypersyntonie
 

Le patient va être syntone à l’ambiance, il va coller à celle-là. Par exemple, s’il est en présence d’une personne qui pleure, il va pleurer également.
 

Les troubles psychomoteurs
 

L’agitation
 

L’agitation survient généralement par crises au cours desquelles l’implication psychologique et son corrélât moteur sont confondus dans des mouvements désordonnés qui s’expriment en actes agressifs, impulsifs, coléreux, menaçants ou spectaculaires. Dans l’hyperactivité, le comportement reste coordonné alors que dans la fureur, le sujet perd tout contrôle de lui même.

L’agitation prend des formes distinctes selon le contexte psychopathologique dans lequel elle s’exprime. elle peut être :

  • euphorique chez les sujets dont l’humeur est expansive, comme les maniaques par exemple
  • destructrice lors des conduites suicidaires ou des comportements d’automutilation
  • imprévisible, discordante dans certaines formes de schizophrénie
  • théâtrale, visant à lancer un appel au secours à l’entourage chez certains patients hystériques
  • anxieuse chez certains patients souffrants d’attaques de panique
     

L’impulsion et le raptus
 

L’impulsion désigne le besoin impérieux d’accomplir soudainement un geste ou un acte. Cette urgence à accomplir un acte échappe au contrôle volontaire de la personne. Les impulsions peuvent être :

  • des actes d’hétéro-agrassion ou d’auto-agression
  • des comportements inadaptés : fugues…
  • des satisfactions instinctives : conduites sexuelles compulsives, excès de boisson…

Les impulsions traduisent l’irruption de pulsions internes ou répondent à des exigences délirantes.

Les impulsions violentes immédiatement agis telles que le suicide, l’agression ou le meurtre sont appelées raptus.
 

Les parakinésies
 

Il s’agit de gestes automatiques, de mouvements répétés inlassablement et reproduits invariablement par le patient. Les plus fréquents sont les stéréotypies, comme par exemples celles de certains schizophrènes où de certains déments (grattage, balancement, rotation, contorsion répétitive de la main…).

Elles ne doivent pas être confondues avec les dyskinésies qui s’observent souvent en psychiatrie du fait de l’utilisation extensive des traitements neuroleptiques.
 

Les tics
 

Les tics sont des mouvements ou des vocalisations, soudains, rapides, involontaires, récurrents, brusques, stéréotypés, conscients, non rythmiques, sans but précis, qui viennent surcharger une motricité normale par ailleurs. Chez un même sujet, le tic dominant est généralement toujours le même, s’amplifiant avec l’anxiété, les émotions, diminuant dans les situations de détente et susceptible de déplacements topographiques avec le temps.

Lorsque le tics moteurs sont multiples est associés à des troubles du langage, ils constituent la maladie de Gilles de la Tourette. En 1885, Gilles de la Tourette la décrivit ainsi : « précipitation exagérée de mouvements et d’idées étranges : tics, grimaces, bruits, jurons, imitations et compulsions involontaires de toutes sortes, s’accompagnant d’un humour espiègle et d’une tendance à la bouffonnerie et aux incongruités. » elle peut être associée à une coprolalie (énoncé de mots grossiers), d’une écholalie (mimétisme verbal) et à une échomimie (mimétisme mimique et/ou gestuel).
 

La bradykinésie
 

La bradykinésie consiste en un ralentissement moteur, une baisse de l’activité. elle peut aller jusqu’à l’apragmatisme où le patient n’arrive plus à faire les gestes de la vie quotidienne (soins corporelles, repas…). Elle est généralement présente dans les états dépressifs.
 

La stupeur
 

La stupeur est un état de suspension de toute activité motrice : mimique, gestes, langage. Elle se traduit par l’immobilité, la sidération motrice. Elle s’accompagne souvent d’un mutisme, d’un refus de s’alimenter, d’un arrêt de toute activité, y compris de l’activité intellectuelle.
 

La catalepsie
 

La catalepsie est un trouble aigu du tonus et de l’initiative motrice. Il s’agit d’une conservation indéfinie des attitudes imposées passivement au malade, par perte momentanée de la contraction volontaire des muscles. Elle s’observe dans les états hypnotiques, dans la schizophrénie et dans certaines affections du système nerveux central.
 

Les troubles du langage
 

On distingue les troubles qui touchent la dynamique du discours de ceux touchant le contenu du discours.
 

La dynamique du discours
 

Ces troubles accompagnent les troubles de l’agitation ou du ralentissement décrits auparavant.

Dans le contexte d’une agitation psychomotrice, on retrouve une logorrhée verbale qui consiste en une accélération du débit verbal. Elle est caractérisée par une surabondance de paroles. Le discours est très difficile à suivre du fait de sa rapidité et de son manque d’organisation. cet état caractérise le discours du patient en phase maniaque.

A l’opposé, on parle de bradyphémie dans le contexte d’un ralentissement psychomoteur. Il s’agit d’un ralentissement du flux verbal d’un discours généralement monothématique. Elle caractérise le discours du patient déprimé.

D’autres troubles peuvent être relevés tels que :

  • l’écholalie : répétition en échos de mots ou de phrases venant d’être entendues par le patient. Elle ressemble à la façon de communiquer des autistes.
  • Les persévérations verbales : à différents moments du discours, le patient va répéter des mots, des phrases ou une partie de phrase qui appartient à un moment extérieur au dialogue
  • Le mutisme est l’absence totale de production langagière.
     

Le contenu du discours
 

Différents troubles peuvent être observés comme :

  • les néologismes : création d’un mot nouveau sans signification apparente par le patient pour son usage personnel. Le patient peut donner une signification à ce mot.
  • Les paralogismes : utilisation d’un mot connu dans un sens inhabituel.

Ces deux troubles sont présents massivement chez les patients schizophrènes. Le concept de schizophasie désigne le langage incompréhensible produit par un patient schizophrène.
 

Annexes

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Terminologie et sémiologie en psychopathologie

Par Le 13/06/2017

La psychopathologie, « science de la souffrance psychique » est l’étude des troubles psychiques : elle cherche à comprendre l’origine (étiologie) et les mécanismes de ces troubles.

Etudier des troubles psychopathologiques nécessitent de s’intéresser à la notion de normalité : qu’est ce qu’un comportement normal et qu’est ce qui est de l’autre de la psychopathologie ?

La normalité statistique se réfère à un pourcentage majoritaire de comportements par rapports à une moyenne statistique. La normale concerne la majorité des sujets d’une population donnée tandis que le pathologique renvoie aux extrémités et aux déviants par rapport à une moyenne. Actuellement, on n’oppose plus les « normaux » aux « malades mentaux ». la majorité des psychopathologues considèrent qu’il existe un continuum entre les différents modes de fonctionnement psychique. C’est dans ce contexte que Ganguilhem en 1966 propose la notion de normativité; un individu sain est celui qui peut tomber malade et se rétablir ; c’est un individu capable d’instaurer de nouvelles normes de fonctionnement dans des contextes différents. Ainsi, la santé mentale n’est plus définie par l’absence de maladie ou par un nombre réduit de symptômes, mais par des capacités de changement et d’adaptation à des situations nouvelles.

La sémiologie est l’observation minutieuse des signes et des symptômes d’un état pathologique. Un symptôme est défini dans le dictionnaire Le petit Robert comme « toute manifestation spontanée d’une maladie, qu’elle soit perçue subjectivement par la malade lui-même, comme une douleur ou un vertige (symptôme subjectif), ou qu’elle puisse être constatée par un observateur (symptôme objectif appelé couramment signe) ».on ne connaît pas vraiment en psychopathologie de symptôme « pathognomonique », c’est à dire de symptôme qui permet à lui seul de poser un diagnostic, qui serait spécifique d’une pathologie mentale particulière.

Le diagnostic est essentiellement une hypothèse. En aucun cas, le diagnostic n’est une affirmation définitive ou un étiquetage irréversible. Le diagnostic reste ouvert à la discussion, à la remise en question, voire au démenti.

L’analyse sémiologique constitue la première étape de la démarche diagnostique, étape au cours de laquelle, à partir de l’observation du patient, on va recenser les symptômes qu’il présente en tentant de les hiérarchiser en fonction de leur importance pour, dans un deuxième temps, les regrouper en syndrome. Un syndrome est un ensemble de signes, de symptômes, qui, d’apparence parfois disparate, forment une entité reconnaissable en raison soit de leur association constante, soit d’une cause toujours la même. L’analyse de ces éléments cliniques, au regard d’autres facteurs tels que le contexte d’apparition des troubles, la durée des symptômes, les antécédents éventuels du patient ou de sa famille, son âge, vont permettre d’évoquer des hypothèses psychopathologiques concernant le trouble mental supposé. La psychogenèse est cette phase qui consiste à chercher dans l’histoire personnelle du patient les éléments susceptibles de comprendre les difficultés psychiques actuelles du sujets.

 

Quelques définissions…
 

La prévalence concerne le nombre de personnes atteintes d’un trouble mental recencé au sein d’une population.

L’incidence consiste à comptabiliser le nombre de cas nouveaux sur une période donnée, le plus souvent sur un an.

Le sex-ratio est le rapport de la prévalence d’un trouble donné entre les hommes et les femmes.

L’âge typique de survenue des troubles est l’intervalle de temps pendant lequel on a le plus de chance qu’un type de trouble survienne.

Le mode d’apparition des troubles peut être brutal ou progressif.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les différents courants théoriques: quelques exemples

Par Le 13/06/2017

On définit la psychopathologie comme l’étude des troubles psychopathologiques qui se fait à l’aide de méthodes scientifiques. Il s’agit d’effectuer une approche scientifique d’un travail clinique. Cela implique pour le psychologue de se tenir informé des développements scientifiques les plus récents mais également actualiser ses méthodes d’investigation et de prise en charge des troubles mentaux. Par exemple, à partir des connaissances biologiques et neuropsychologiques recueillies sur les troubles de l’humeur, on ne pleut plus traiter la dépression à partir d’une seule approche psychologique d’orientation psychanalytique.



Le travail du clinicien est totalement modulé par le courant théorique qu’il utilise pour aborder les troubles mentaux. On fait le choix du courant selon sa croyance. La formation universitaire est un élément important dans le choix du courant ainsi que l’environnement scientifique du clinicien et de son parcours personnel. Ce choix est nécessaire afin d’avoir une démarche cohérente. Mais on peut s’informer des avancées des autres courants et juger de l’intérêt de ceux-ci.

Aujourd’hui, on tend à intégrer ces modèles entre eux. On considère que l’avenir du courant issu de la génétique ou celui issu des neurosciences n’est possible que s’il est en mesure de prendre en compte, dans son analyse, des facteurs d’origine psychologique et sociale comme étant des facteurs intervenant, et quelques fois affectant la neurotransmission ou l’expression génétique du comportement.

Le courant cognitiviste, en psychopathologie, intègre dans son analyse et dans son explication des troubles mentaux un organe censé être à l’origine du fonctionnement cognitif, le cerveau.
 

Le courant psychanalytique
 

C’est un modèle majeur des explications des troubles mentaux, le plus ancien modèle explicatif de la psychopathologie.

Il concerne essentiellement la théorie freudienne. Freud a développé un système de compréhension, d’explication et de prise en charge des troubles mentaux qui, à l’origine, s’adressait avant tout à des patients névrotiques. Ce modèle a été développé par ses successeurs (ex Lacan) à d’autres types de pathologies comme les troubles psychotiques.

La théorie élaborée par Freud repose sur l’élaboration d’une métapsychologie qui a pris deux formes :

  1. - la première topique : conscient, préconscient, inconscient
  2. - la deuxième topique : ça, moi, surmoi

L’explication des phénomènes psychopathologiques fournie par cette théorie repose sur l’interprétation d’évènements vécus pendant l’enfance. ces évènements peuvent ressurgir à d’autres périodes du développement sous des formes variées telles que les lapsus, les rêves, les actes manqués. D’autres manifestations sont les symptômes, ce à quoi va s’attacher le psychanalyste pour expliquer ces phénomènes concernant la dimension inconsciente, c’est à dire la signification cachée.

Cette manière de concevoir le psychisme humain et ses dysfonctionnements a conduit Freud a l’élaboration de la cure psychanalytique qui repose sur deux principes fondamentaux : la règle de la libre association et l’élaboration d’un transfert.

La cure psychanalytique a fait l’objet d’un certain nombre d’aménagement thérapeutiques afin que cette technique de prise en charge soit proposée à des patients autres que hystériques. En effet, au début de sa mise en place, la cure analytique était proposée uniquement à des personnes hystériques. Elle a été aménagée pour les psychotiques, les dépressifs, les patients ayant des troubles anxieux, pour qui la cure ne peut pas durer 10 ans. Ces techniques sont les thérapies d’inspiration psychanalytique. Les principaux aménagements ont été la suppression du divan, la situation de face à face, le thérapeute est plus intervenant (en effet, le silence peut angoisser certains patients).
 

Le courant cognitiviste
 

C’est un courant plus récent, qui se développe de plus en plus. Il a pris ses racines dans la théorie comportemental, béhavioriste (en référence aux travaux sur le conditionnement classique, de Pavlov et opérant, de Skinner). Il s’est développé dans les années 40, en psychopathologie, quand certains auteurs se sont rendus compte de l’insuffisance du modèle analytique. Ils se sont appuyés sur les travaux réalisés notamment par Pavlov pour expliquer les comportements anxieux (notamment phobiques). Ils s’appuient sur le modèle S → R, à savoir que le comportement pathologique ( R) est déclenché par un stimulus particulier (S).

Une évolution de ce modèle a eu lieu dans les années 60 aux états unis. En effet, on ne parle plus de modèle comportemental mais du niveau cognitivo-comportemental. Les cognitivistes ont ajouté un niveau d’analyse supplémentaire, celui de la cognition.

Cognition → Cerveau ↓ ↓ S → R

L’être humain est assimilé à un système de traitement de l’information.

De manière plus récente, l’étude de la cognition s’est enrichie des apports de la neuroscience en s’intéressant à l’organe qui sous tend les processus cognitifs, le cerveau.

Ce modèle cognitif de la psychopathologie a été élaboré pour la première fois par Beck. Concernant par exemple la dépression, dans ce modèle, on suppose que le patient déprimé présente des erreurs dans le traitement de l’information, erreurs qui entraient chez le patient une vision négative de lui même, du monde environnant et du futur.

Contrairement à l’approche psychanalytique, la thérapie comportementale a pour objectif d’éliminer d’emblée les symptômes présentés par le patient. Le thérapeute va agir à trois niveaux :

  • le comportement : le plus souvent, à l’aide des méthodes développées par le modèle comportemental (techniques basées sur l’apprentissage)
  • la modification de la pensée, du fonctionnement cognitif avec, pour objectif, d’apprendre au patient à construire des interprétations alternatives en références aux évènements qu’il vit.
  • Le niveau émotionnel en modifiant les deux paramètres ci-dessus, cela entraîne des modifications au niveau des émotions.
     

Le modèle familial, systémique
 

Ce modèle a une origine anglo-saxone. Dans les années 50, Bateson réalise des travaux sur l’analyse systémique des troubles schizophréniques. L’originalité de ce modèle concerne le niveau d’analyse auquel il s’intéresse. dans ce modèle, l’analyse de la pathologie ne se fait plus uniquement à partir de l’observation du patient (et, du fait de la description de ses symptômes) mais elle se fait aussi autour d’une modalité de communication et d’interaction qui structure la cellule familiale dans laquelle le patient évolue.

Ce modèle considère que le patient est victime d’un système familial qui est pathologique. Il met l’accent sur le rôle de l’environnement réduit à l’étude du système familial dans le développement des troubles mentaux. Dans ce modèle, le facteur clé du développement d’une pathologie est le système de communication, d’interaction entre les membres d’une même famille.

Les travaux réalisés par Baterson et ses successeurs (école de Palo-Alto) prennent appui sur la théorie de la communication dont les trois principes intéressants dans l’analyse des pathologies mentales sont :

  • - Prendre en compte la communication digitale et la communication analogique (communication verbale et non verbale)
  • - il est impossible de ne pas communiquer. Dans une situation de communication, même le silence a une valeur significative, interprétative pour l’interlocuteur. il est chargé d’un sens plus ou moins explicite dont l’interprétation va être laissée à celui à qui il s’adresse.
  • - la méta communication : il s’agit de la capacité de communiquer sur la communication. Elle va être plus souvent sollicitée dans des conditions particulières d’interaction où on va détecter une ambiguïté. Celle-ci est souvent relative à l’intention communicative du locuteur. On utilise cette capacité de méta communication quand on a des doutes sur ce que l’autre veut dire. C’est un concept important car selon Baterson, quand cette méta communication dysfonctionne, les patients n’ont pas la capacité de tenir un discours cohérent, logique voire compréhensible. Ce serait le cas des patients schizophrènes.

Ce modèle est à l’origine de la création des thérapies familiales. Elles ont comme particularités d’être des thérapies qui nécessitent l’intervention de la famille (au sens personnes vivant sous un même toit). Le modèle s’est élargi aux conduites addictives, des troubles des conduites alimentaires et leur prise en charge.
 

Le modèle neuropsychologique, neurobiologique
 

Ce modèle s’inscrit dans la tradition cognitiviste. Sa particularité est de s’intéresser au fonctionnement cérébral en lien avec la mise en place de processus cognitifs. On peut décrire deux tendances liées à l’élaboration de deux techniques d’investigation du fonctionnement cérébral :

  • la neuropsychologie comportementale
  • la neuropsychologie cognitive
     

La neuropsychologie comportementale
 

On va s’intéresser indirectement au fonctionnement du cerveau car on va inférer l’existence d’un éventuel dysfonctionnement cérébral à partir des seules performances cognitives du patient. On suppose que certaines épreuves vont étudier telle ou telle région cérébrale. Par exemple, on suppose que le test du Wisconsin met en jeu le cortex cérébral préfrontal. On analyse le fonctionnement cérébral à partir de l’analyse des réponses du sujet.
 

La neuropsychologie cognitive
 

Elle s’intéresse directement au cerveau en utilisant des techniques élaborées dans le champ des neurosciences : IRM, IRMf, TEP, PE… L’une des dernières démarches fut d’analyser la structure de cerveaux de patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. Dans les années, 70, l’hypothèse qui dominait pour la schizophrénie était celle de lésions dans le cortex préfrontal. Elle fut vérifiée par les études post-mortem.

La démarche anatomique fut abandonnée au profit d’une démarche fonctionnelle où l’idée est d’étudier le fonctionnement du cerveau alors que le sujet est en train de réaliser un travail cognitif. Si on suppose par exemple une altération de la mémoire dans la dépression, on va, au cours d’une IRMf, demander à des sujets déprimés de réaliser une tache de mémoire. On va regarder quelles sont les zones cérébrales qui s’activent en réponse à la mise en place de certains processus cognitifs. Ces activations devraient être moins importantes chez des patients présentant des déficits mnésiques.

Les principales pathologies étudiées sous cet angle sont la schizophrénie, les pathologies dépressives, les troubles des conduites alimentaires et les troubles obsessionnels compulsifs. Des études récentes ont montré chez des patients présentant des troubles obsessionnels compulsifs une augmentation de l’activité cérébrale au niveau de certaines zones du cortex frontal. Il a été décrit chez des patients ayant subi une ablation d’une tumeur cérébrale localisée au niveau du cortex frontal l’apparition de TOC.

Ce modèle comporte cependant quelques limites :

  • il demande l’utilisation de techniques qui peuvent être invasives par rapport aux autres modèles
  • les techniques de prises en charge en lien avec ce modèle en sont au stade expérimental
  • enfin, par rapport aux études en imagerie, rien ne permet de dire que le dysfonctionnement cérébral observé est la cause du trouble psychologique. On pourrait très bien imaginer que, pour s’adapter aux symptômes, le cerveau verrait son activité cérébrale se modifier et non l’inverse (une modification cérébrale provoque l’apparition des symptômes).
     

Le modèle biologique
 

Ici, on va d’avantage s’intéresser au rôle des modifications de la transmission nerveuse au niveau des neuromédiateurs dans la survenue de pathologies mentales. A ce jour, les deux neurotransmetteurs qui ont fait l’objet de beaucoup de travaux sont la sérotonine et la dopamine. Ils sont largement cités dans la survenue de troubles de l’humeur, de la schizophrénie, de troubles obsessionnels compulsifs et des troubles des conduites alimentaires. Ce modèle s’est surtout développé à partir des années 50, à partir du moment où on a disposé de traitement médicamenteux avec des psychotropes. L’objectif de ce modèle est d’expliquer l’action de ces médicaments, en supposant que les symptômes des pathologies sont sous tendus par des dysfonctionnement d’origine biologique.
 

Le modèle génétique
 

Il s’appuie sur un constat en psychopathologie qui est que l’on observe souvent une constellation familiale des mêmes troubles ou des troubles apparentés.

En terme statistique, quand un individu est apparenté à un patient schizophrène ou déprimé, il a plus de risque qu’un sujet non apparenté de développer un trouble similaire ou très proche. Cette probabilité statistique est appelée en psychopathologie un taux de concordance. Il va être analyser à partir des constellations familiales, surtout à partir des études sur des jumeaux (monozygotes et hétérozygotes).

La question posée par ce modèle est de déterminer le poids de la transmission génétique et celui des facteurs environnementaux. Il faut en effet garder à l’esprit que deux individus apparentés sur le plan biologique partagent en plus de leur patrimoine génétique un patrimoine environnemental. Les expériences qui étudient le poids génétique concernent les jumeaux monozygotes (même patrimoine génétique) adoptés (environnement différent, mais là encore, on peut supposer que leur famille d’adoption ne sont pas choisies au hasard et qu’elles partagent certaines similarités comme le niveau de vie).

A l’heure actuelle, on ne connaît aucun trouble dont la cause serait purement génétique. On ne connaît aucun gène responsable d’un trouble mental particulier. Pour que l’origine d’un trouble mental soit considérée comme génétique, il faudrait un taux de concordance de 100% chez des jumeaux monozygotes, ce qui n’a pas été observé. Le seul résultat qui revient dans les études concerne l’augmentation du taux de concordance en fonction de la proximité du lien de parenté entretenu avec le patient atteint d’un trouble mental. Ces taux diffèrent selon la pathologie mise en cause. On a montré un taux de concordance plus élevé dans l’autisme (où on suppose l’implication de 4 ou 5 gènes particuliers) que dans les troubles de l’humeur par exemple.

Le modèle génétique actuel propose de travailler sur les interactions gènes – environnement. Plutôt que de penser que l’on hérite d’une pathologie mentale, les modèles génétiques supposent l’héritage d’une vulnérabilité qui, sous l’effet de certains événements, va pouvoir engendrer la survenue d’un trouble mental. Une pathologie va survenir qu’à condition que le sujet rencontre un événement stressant, révélateur de cette vulnérabilité. D’autres modèles toujours génétiques supposent qu’une dotation génétique particulière peut augmenter la probabilité qu’à un individu de rencontrer des événements stressants qui vont eux mêmes avoir comme effet de révéler cette vulnérabilité.

L’idée actuelle est de proposer une lecture intégrative des troubles mentaux qui prend appui sur les principaux modèles explicatifs et qui serait bio-psycho-sociale. Adopter une telle démarche, c’est se démarquer des modèles écologiques pour adopter une démarche étiopathologique (modèles qui ne s’intéressent pas au « pourquoi » des troubles mais au « comment ». l’objectif est de préciser les mécanismes qui seraient à l’origine du développement de symptômes chez un individu.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les différentes approches théoriques: quelques exemples

Par Le 07/03/2017

On définit la psychopathologie comme l’étude des troubles psychopathologiques qui se fait à l’aide de méthodes scientifiques. Il s’agit d’effectuer une approche scientifique d’un travail clinique. Cela implique pour le psychologue de se tenir informé des développements scientifiques les plus récents mais également actualiser ses méthodes d’investigation et de prise en charge des troubles mentaux. Par exemple, à partir des connaissances biologiques et neuropsychologiques recueillies sur les troubles de l’humeur, on ne pleut plus traiter la dépression à partir d’une seule approche psychologique d’orientation psychanalytique.



Le travail du clinicien est totalement modulé par le courant théorique qu’il utilise pour aborder les troubles mentaux. On fait le choix du courant selon sa croyance. La formation universitaire est un élément important dans le choix du courant ainsi que l’environnement scientifique du clinicien et de son parcours personnel. Ce choix est nécessaire afin d’avoir une démarche cohérente. Mais on peut s’informer des avancées des autres courants et juger de l’intérêt de ceux-ci.

Aujourd’hui, on tend à intégrer ces modèles entre eux. On considère que l’avenir du courant issu de la génétique ou celui issu des neurosciences n’est possible que s’il est en mesure de prendre en compte, dans son analyse, des facteurs d’origine psychologique et sociale comme étant des facteurs intervenant, et quelques fois affectant la neurotransmission ou l’expression génétique du comportement.

Le courant cognitiviste, en psychopathologie, intègre dans son analyse et dans son explication des troubles mentaux un organe censé être à l’origine du fonctionnement cognitif, le cerveau.
 

Le courant psychanalytique
 

C’est un modèle majeur des explications des troubles mentaux, le plus ancien modèle explicatif de la psychopathologie.

Il concerne essentiellement la théorie freudienne. Freud a développé un système de compréhension, d’explication et de prise en charge des troubles mentaux qui, à l’origine, s’adressait avant tout à des patients névrotiques. Ce modèle a été développé par ses successeurs (ex Lacan) à d’autres types de pathologies comme les troubles psychotiques.

La théorie élaborée par Freud repose sur l’élaboration d’une métapsychologie qui a pris deux formes :

  • la première topique : conscient, préconscient, inconscient
  • la deuxième topique : ça, moi, surmoi

L’explication des phénomènes psychopathologiques fournie par cette théorie repose sur l’interprétation d’évènements vécus pendant l’enfance. ces évènements peuvent ressurgir à d’autres périodes du développement sous des formes variées telles que les lapsus, les rêves, les actes manqués. D’autres manifestations sont les symptômes, ce à quoi va s’attacher le psychanalyste pour expliquer ces phénomènes concernant la dimension inconsciente, c’est à dire la signification cachée.

Cette manière de concevoir le psychisme humain et ses dysfonctionnements a conduit Freud a l’élaboration de la cure psychanalytique qui repose sur deux principes fondamentaux : la règle de la libre association et l’élaboration d’un transfert.

La cure psychanalytique a fait l’objet d’un certain nombre d’aménagement thérapeutiques afin que cette technique de prise en charge soit proposée à des patients autres que hystériques. En effet, au début de sa mise en place, la cure analytique était proposée uniquement à des personnes hystériques. Elle a été aménagée pour les psychotiques, les dépressifs, les patients ayant des troubles anxieux, pour qui la cure ne peut pas durer 10 ans. Ces techniques sont les thérapies d’inspiration psychanalytique. Les principaux aménagements ont été la suppression du divan, la situation de face à face, le thérapeute est plus intervenant (en effet, le silence peut angoisser certains patients).
 

Le courant cognitiviste
 

C’est un courant plus récent, qui se développe de plus en plus. Il a pris ses racines dans la théorie comportemental, béhavioriste (en référence aux travaux sur le conditionnement classique, de Pavlov et opérant, de Skinner). Il s’est développé dans les années 40, en psychopathologie, quand certains auteurs se sont rendus compte de l’insuffisance du modèle analytique. Ils se sont appuyés sur les travaux réalisés notamment par Pavlov pour expliquer les comportements anxieux (notamment phobiques). Ils s’appuient sur le modèle S → R, à savoir que le comportement pathologique ( R) est déclenché par un stimulus particulier (S).

Une évolution de ce modèle a eu lieu dans les années 60 aux états unis. En effet, on ne parle plus de modèle comportemental mais du niveau cognitivo-comportemental. Les cognitivistes ont ajouté un niveau d’analyse supplémentaire, celui de la cognition.

Cognition → Cerveau ↓ ↓ S → R

L’être humain est assimilé à un système de traitement de l’information.

De manière plus récente, l’étude de la cognition s’est enrichie des apports de la neuroscience en s’intéressant à l’organe qui sous tend les processus cognitifs, le cerveau.

Ce modèle cognitif de la psychopathologie a été élaboré pour la première fois par Beck. Concernant par exemple la dépression, dans ce modèle, on suppose que le patient déprimé présente des erreurs dans le traitement de l’information, erreurs qui entraient chez le patient une vision négative de lui même, du monde environnant et du futur.

Contrairement à l’approche psychanalytique, la thérapie comportementale a pour objectif d’éliminer d’emblée les symptômes présentés par le patient. Le thérapeute va agir à trois niveaux :

  • le comportement : le plus souvent, à l’aide des méthodes développées par le modèle comportemental (techniques basées sur l’apprentissage)
  • la modification de la pensée, du fonctionnement cognitif avec, pour objectif, d’apprendre au patient à construire des interprétations alternatives en références aux évènements qu’il vit.
  • Le niveau émotionnel en modifiant les deux paramètres ci-dessus, cela entraîne des modifications au niveau des émotions.
     

Le modèle familial, systémique
 

Ce modèle a une origine anglo-saxone. Dans les années 50, Bateson réalise des travaux sur l’analyse systémique des troubles schizophréniques. L’originalité de ce modèle concerne le niveau d’analyse auquel il s’intéresse. dans ce modèle, l’analyse de la pathologie ne se fait plus uniquement à partir de l’observation du patient (et, du fait de la description de ses symptômes) mais elle se fait aussi autour d’une modalité de communication et d’interaction qui structure la cellule familiale dans laquelle le patient évolue.

Ce modèle considère que le patient est victime d’un système familial qui est pathologique. Il met l’accent sur le rôle de l’environnement réduit à l’étude du système familial dans le développement des troubles mentaux. Dans ce modèle, le facteur clé du développement d’une pathologie est le système de communication, d’interaction entre les membres d’une même famille.

Les travaux réalisés par Baterson et ses successeurs (école de Palo-Alto) prennent appui sur la théorie de la communication dont les trois principes intéressants dans l’analyse des pathologies mentales sont :

  • Prendre en compte la communication digitale et la communication analogique (communication verbale et non verbale)
  • il est impossible de ne pas communiquer. Dans une situation de communication, même le silence a une valeur significative, interprétative pour l’interlocuteur. il est chargé d’un sens plus ou moins explicite dont l’interprétation va être laissée à celui à qui il s’adresse.
  • la méta communication : il s’agit de la capacité de communiquer sur la communication. Elle va être plus souvent sollicitée dans des conditions particulières d’interaction où on va détecter une ambiguïté. Celle-ci est souvent relative à l’intention communicative du locuteur. On utilise cette capacité de méta communication quand on a des doutes sur ce que l’autre veut dire. C’est un concept important car selon Baterson, quand cette méta communication dysfonctionne, les patients n’ont pas la capacité de tenir un discours cohérent, logique voire compréhensible. Ce serait le cas des patients schizophrènes.

Ce modèle est à l’origine de la création des thérapies familiales. Elles ont comme particularités d’être des thérapies qui nécessitent l’intervention de la famille (au sens personnes vivant sous un même toit). Le modèle s’est élargi aux conduites addictives, des troubles des conduites alimentaires et leur prise en charge.
 

Le modèle neuropsychologique, neurobiologique
 

Ce modèle s’inscrit dans la tradition cognitiviste. Sa particularité est de s’intéresser au fonctionnement cérébral en lien avec la mise en place de processus cognitifs. On peut décrire deux tendances liées à l’élaboration de deux techniques d’investigation du fonctionnement cérébral :

  • la neuropsychologie comportementale
  • la neuropsychologie cognitive

La neuropsychologie comportementale
 

On va s’intéresser indirectement au fonctionnement du cerveau car on va inférer l’existence d’un éventuel dysfonctionnement cérébral à partir des seules performances cognitives du patient. On suppose que certaines épreuves vont étudier telle ou telle région cérébrale. Par exemple, on suppose que le test du Wisconsin met en jeu le cortex cérébral préfrontal. On analyse le fonctionnement cérébral à partir de l’analyse des réponses du sujet.
 

La neuropsychologie cognitive
 

Elle s’intéresse directement au cerveau en utilisant des techniques élaborées dans le champ des neurosciences : IRM, IRMf, TEP, PE… L’une des dernières démarches fut d’analyser la structure de cerveaux de patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. Dans les années, 70, l’hypothèse qui dominait pour la schizophrénie était celle de lésions dans le cortex préfrontal. Elle fut vérifiée par les études post-mortem.

La démarche anatomique fut abandonnée au profit d’une démarche fonctionnelle où l’idée est d’étudier le fonctionnement du cerveau alors que le sujet est en train de réaliser un travail cognitif. Si on suppose par exemple une altération de la mémoire dans la dépression, on va, au cours d’une IRMf, demander à des sujets déprimés de réaliser une tache de mémoire. On va regarder quelles sont les zones cérébrales qui s’activent en réponse à la mise en place de certains processus cognitifs. Ces activations devraient être moins importantes chez des patients présentant des déficits mnésiques.

Les principales pathologies étudiées sous cet angle sont la schizophrénie, les pathologies dépressives, les troubles des conduites alimentaires et les troubles obsessionnels compulsifs. Des études récentes ont montré chez des patients présentant des troubles obsessionnels compulsifs une augmentation de l’activité cérébrale au niveau de certaines zones du cortex frontal. Il a été décrit chez des patients ayant subi une ablation d’une tumeur cérébrale localisée au niveau du cortex frontal l’apparition de TOC.

Ce modèle comporte cependant quelques limites :

  • il demande l’utilisation de techniques qui peuvent être invasives par rapport aux autres modèles
  • les techniques de prises en charge en lien avec ce modèle en sont au stade expérimental
  • enfin, par rapport aux études en imagerie, rien ne permet de dire que le dysfonctionnement cérébral observé est la cause du trouble psychologique. On pourrait très bien imaginer que, pour s’adapter aux symptômes, le cerveau verrait son activité cérébrale se modifier et non l’inverse (une modification cérébrale provoque l’apparition des symptômes).
     

Le modèle biologique
 

Ici, on va d’avantage s’intéresser au rôle des modifications de la transmission nerveuse au niveau des neuromédiateurs dans la survenue de pathologies mentales. A ce jour, les deux neurotransmetteurs qui ont fait l’objet de beaucoup de travaux sont la sérotonine et la dopamine. Ils sont largement cités dans la survenue de troubles de l’humeur, de la schizophrénie, de troubles obsessionnels compulsifs et des troubles des conduites alimentaires. Ce modèle s’est surtout développé à partir des années 50, à partir du moment où on a disposé de traitement médicamenteux avec des psychotropes. L’objectif de ce modèle est d’expliquer l’action de ces médicaments, en supposant que les symptômes des pathologies sont sous tendus par des dysfonctionnement d’origine biologique.
 

Le modèle génétique
 

Il s’appuie sur un constat en psychopathologie qui est que l’on observe souvent une constellation familiale des mêmes troubles ou des troubles apparentés.

En terme statistique, quand un individu est apparenté à un patient schizophrène ou déprimé, il a plus de risque qu’un sujet non apparenté de développer un trouble similaire ou très proche. Cette probabilité statistique est appelée en psychopathologie un taux de concordance. Il va être analyser à partir des constellations familiales, surtout à partir des études sur des jumeaux (monozygotes et hétérozygotes).

La question posée par ce modèle est de déterminer le poids de la transmission génétique et celui des facteurs environnementaux. Il faut en effet garder à l’esprit que deux individus apparentés sur le plan biologique partagent en plus de leur patrimoine génétique un patrimoine environnemental. Les expériences qui étudient le poids génétique concernent les jumeaux monozygotes (même patrimoine génétique) adoptés (environnement différent, mais là encore, on peut supposer que leur famille d’adoption ne sont pas choisies au hasard et qu’elles partagent certaines similarités comme le niveau de vie).

A l’heure actuelle, on ne connaît aucun trouble dont la cause serait purement génétique. On ne connaît aucun gène responsable d’un trouble mental particulier. Pour que l’origine d’un trouble mental soit considérée comme génétique, il faudrait un taux de concordance de 100% chez des jumeaux monozygotes, ce qui n’a pas été observé. Le seul résultat qui revient dans les études concerne l’augmentation du taux de concordance en fonction de la proximité du lien de parenté entretenu avec le patient atteint d’un trouble mental. Ces taux diffèrent selon la pathologie mise en cause. On a montré un taux de concordance plus élevé dans l’autisme (où on suppose l’implication de 4 ou 5 gènes particuliers) que dans les troubles de l’humeur par exemple.

Le modèle génétique actuel propose de travailler sur les interactions gènes – environnement. Plutôt que de penser que l’on hérite d’une pathologie mentale, les modèles génétiques supposent l’héritage d’une vulnérabilité qui, sous l’effet de certains événements, va pouvoir engendrer la survenue d’un trouble mental. Une pathologie va survenir qu’à condition que le sujet rencontre un événement stressant, révélateur de cette vulnérabilité. D’autres modèles toujours génétiques supposent qu’une dotation génétique particulière peut augmenter la probabilité qu’à un individu de rencontrer des événements stressants qui vont eux mêmes avoir comme effet de révéler cette vulnérabilité.

L’idée actuelle est de proposer une lecture intégrative des troubles mentaux qui prend appui sur les principaux modèles explicatifs et qui serait bio-psycho-sociale. Adopter une telle démarche, c’est se démarquer des modèles écologiques pour adopter une démarche étiopathologique (modèles qui ne s’intéressent pas au « pourquoi » des troubles mais au « comment ». l’objectif est de préciser les mécanismes qui seraient à l’origine du développement de symptômes chez un individu.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Normal vs Pathologique

Par Le 07/03/2017

La notion de normalité est dangereuse dans certaines circonstances et à certaines époques. Si la notion de normalité (du latin norma = équerne) n’est pas neutre et difficile à définir, elle est souvent associée aux représentations et à l’éthique d’une société. Il existe plusieurs conceptions de la normalité.

 

Définition de la normalité
 

La norme signifie le juste milieu, la moyenne, ce qui sert généralement de référence.

Les trois grands modèles de la normalité
 

La normalité statistique
 

La normalité statistique assimile la norme à la fréquence. Elle se réfère à un pourcentage majoritaire de comportements par rapport à une moyenne statistique. Dans cette optique, les individus dits normaux sont les individus moyens et sont considérés comme pathologiques les individus déviants de la norme ou de la moyenne. Ce qui est normal est alors ce qui s’observe le plus fréquemment. Pour exemple, les tests de Qi ont une moyenne arbitraire de 100, score qui représente une intelligence moyenne, normale.
 

Le caractère arbitraire de ce concept représente un obstacle en psychologie ; comment comprendre un phénomène psychologique qui, pour être normal, doit se situer au niveau d’une limite précise dans une distribution continue ? Il est difficile de trouver une moyenne précise aux phénomènes psychologiques. La fréquence d’un phénomène ne suffit pas à rendre compte dans plusieurs cas de la notion de normalité. En effet, des phénomènes peuvent être fréquents mais pathologiques. Enfin, la norme n’a un sens que par rapport à un contexte de référence.
 

La normalité idéale ou sociale
 

La normalité sociale fait référence aux règles éthiques, sociales et culturelles d’une société donnée. La normalité sociale assimile l’équilibre psychologique au conformisme social ou culturel. Elle désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif aspire.
 

Il s’agit d’une notion insuffisante qui risque de faire considérer des attitudes passives de soumission silencieuse comme adaptées alors qu’elles peuvent cacher une véritable pathologie. Dans certaines conduites suicidaires, les jours précédents l’acte, le sujet peut être très calme, silencieux, donnant l’impression à l’entourage qu’il est tout à fait adapté. De même, dans le cas de la perversion, le sujet peut être tout à fait bien adapté socialement. A l’inverse, certains peuvent être marginaux sur le plan social mais tout à fait équilibré psychiquement.
 

Les normes sociales et culturelles ont influencées la nosographie psychiatrique comme l’illustre l’exemple de l’homosexualité. L’homosexualité a été considérée comme pathologique jusqu’en 1970. Aux Etats-Unis, il y a eu un mouvement de protestation des minorités sexuelles demandant une reconnaissance de leur singularité. On a alors distingué deux types d’homosexualité :

  • Une homosexualité ego syntonique (en accord avec soi) : forme d’homosexualité qui n’a pas d’aspect pathologique, qui est bien vécue par l’individu, sans signe de souffrance ou de culpabilité.
  • Une homosexualité égo dystonique (pas en accord avec soi) : elle n’est pas acceptée par l’individu. Les sujets ont des tendances homosexuelles mais accompagnées d’une grande culpabilité. Cette culpabilité les empêche d’avoir une vie sexuelle harmonieuse.

DEVEREUX a montré qu’il existait différentes acceptations de l’homosexualité selon les cultures. Par exemple, les indiens Mohave admettent l’homosexualité. Selon eux, l’homosexuel a reçu un message de la part d’un génie leur demandant de se « déguiser » en femme.
 

La normalité sociale demande de prendre en compte le point de vue de l’observateur. En tant que psychologue, il faut être conscient de ses références personnelles, des références liées au groupe auquel on appartient, à son milieu social et culturel. Comme tout observateur, nous intériorisons tout un système de normes ; on peut alors avoir des préjugés vis-à-vis de tout ce qui est différent. Des problèmes peuvent alors se poser lorsque l’on prend en charge des patients étrangers qui ont une façon différente de la notre de décrire leur trouble. Par exemple, un patient parlant de sorcellerie peut passer pour délirant alors qu’il s’inscrit simplement dans un référentiel culturel différent du référentiel occidental.
 

La normalité fonctionnelle
 

La normalité fonctionnelle correspond à l’état qui parait le plus approprié à un individu en fonction de ses caractéristiques psychologiques propres. Ainsi considérée, la normalité est identifiée par l’épanouissement psychologique et le fonctionnement optimal des diverses composantes de la personne.
 

En psychologie, on fait plutôt appel à une combinaison de ces critères pour analyser la normalité.
 

En 1966, CANGUILHEM proposa le concept de « normativité » selon lequel un individu sain est celui qui peut tomber malade et se rétablir ; c’est un individu capable d’instaurer de nouvelles normes de fonctionnement dans des contextes différents.

Cette ligne de réflexion conduit à définir la santé mentale non pas par l’absence de maladie ou par un nombre réduit de symptômes, mais par des capacités de changement et d’adaptation à des situations nouvelles.
 

Actuellement, on n’oppose plus les « normaux » aux « malades mentaux ». La majorité des psychopathologues considèrent qu’il existe un continuum entre les différents modes de fonctionnement psychique.
 

La normalité selon les modèles et les disciplines
 

La signification de la normalité peut être différente selon le modèle théorique auquel on se réfère. Les marges du normal et du pathologique peuvent se déplacer en fonction du modèle ou de la discipline.
 

Normalité en psychologie clinique
 

La psychologie clinique se réfère au fonctionnement propre d’un individu et non à un ensemble d’individus. Un état est considéré comme normal s’il est approprié à un individu donné avec ses caractéristiques et ses buts, la pathologie étant liée à une diminution des capacités d’adaptation et de création.
 

Normalité en psychanalyse
 

Selon le modèle psychanalytique, il y a une différence de nature entre l’expression d’un sujet sein et celle d’un patient névrosé. Par exemple, un sujet névrosé présentera des crises de larmes exagérées par rapport à un évènement donné comparativement à un sujet sein ; la différence est quantitative.

La réponse de type névrotique se traduit par une réaction excessive « c’est dans le plus que réside la névrose » selon FREUD. Pour KLEIN, le psychotique est en fusion totale avec sa mère, il n’a pas d’identité propre. Chez l’individu normal, le bébé est également fusionné avec sa mère ; c’est un stade par lequel tout le monde passe mais les psychotiques y resteraient bloqués.
 

Normalité et psychopathologie de l’enfant
 

Chez l’enfant, la notion de normalité est encore plus complexe à évaluer car on doit se référer à un niveau de développement tout en tenant compte des variations individuelles. Dans l’évaluation de la « normalité » d’une enfant, il faut tenir compte des stades de développement ; la présence d’un symptôme peut être problématique à un certain âge et tolérée à un autre. Par exemple, les angoisses nocturnes prendront différentes valeurs selon l’âge de l’enfant, le contexte d’apparition, la durée…

Les symptômes peuvent être différents selon le contexte familial, social, le niveau de maturation et la problématique de l’enfant. Il est donc important de tenir compte du système familial, culturel et social dans de lequel s’inscrit l’enfant.
 

Normalité et psychopathologie comportementale
 

Les théories béhavioristes n’évoquent pas de différence entre le normal et le pathologique. Selon cette théorie, il existe des comportements inadaptés qui sont dus à des défauts d’apprentissage.
 

Normalité et psychopathologie sociale et culturelle
 

L’antipsychiatrie (LAING, COOPER) des années 70 considérait le pathologique comme une aliénation de l’homme inscrit dans une société. Elle refuse la psychiatrisation des sujets, le pathologique se situant dans al société et non dans l’individu. Ainsi, pour comprendre une pathologie, il ne faut pas prendre en compte l’individu seul mais également sa famille et son environnement social.

Ce modèle donne naissance à l’idée selon laquelle l’institution psychiatrique a tendance à stigmatiser, aliéner les malades ; les empêchant de sortir, la structure ne fait qu’aggraver les malades.

La réhabilitation sociale consiste à ouvrir l’institution psychiatrique vers la société, par exemple en faisant créer aux malades des œuvres d’art afin de les exposer. Il en va de même pour les appartements thérapeutiques où le malade est inscrit dans la société tout en recevant régulièrement la visite du médecin psychiatre.
 

Souffrance et pathologie
 

La souffrance peut-elle être perçue comme le signe de la présence d’une pathologie ?

La souffrance du patient constitue un repère important en psychologie clinique dans la prise en charge de celui-ci.

Néanmoins, dans le cas de certaines pathologies comme la perversion, la souffrance du sujet n’est pas au premier plan, ne mobilisant pas chez eux une demande de prise en charge. Les pervers ne souffrent généralement pas, aucune culpabilité n’accompagne leurs actes. Ici, c’est l’apparition de culpabilité qui va représenter un signe positif pour la prise en charge.
 

Voir aussi :

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)